Athletisme

WAYDE VAN NIEKERK, L’HEURE DE LA NOUVELLE STAR

Parti à la chasse au doublé 200-400 m, le Sud-Africain va tenter de décrocher sa première médaille d’or des Mondiaux sur le tour de piste. En digne successeur d’Usain Bolt ?
Personne ne saura jamais si Usain Bolt a renoncé au 200m des Mondiaux à Londres par peur d’être détrôné par Wayde Van Niekerk. Toujours est-il que le public britannique et les fans d’athlétisme n’auront pas le droit, jeudi soir, à un duel majuscule entre le Jamaïcain et celui appelé à prendre sa succession comme tête de gondole de son sport. Mais avant cela, le Sud-Africain est attendu ce mardi pour la finale du 400m. Un rendez-vous sur lequel il ne doit pas, et ne peut pas se manquer. Le tour de piste, c’est sa distance fétiche, celle qu’il domine outrageusement depuis deux ans. Champion du monde en 2015à Pékin, Van Niekerk avait frappé encore plus fort à Rio lors des derniers Jeux olympiques…
Le 15 août dernier, alors que tout le monde attendait la finale du 100m d’Usain Bolt programmée quelques dizaines de minutes après, le Sud-Africain avait époustouflé l’assistance carioca et poussée celle-ci à oublier, l’espace de quelques minutes, la légende jamaïcaine. Parti au couloir 8, donc en aveugle, Van Niekerk avait foncé. A en perdre haleine et sans jamais se retourner. A l’arrivée, son chrono de 43’’03 mettait une claque au record du monde de Michael Johnson, vieux de 18 ans (43’’18). Une référence que personne n’imaginait voir tomber un jour. Le principal intéressé, lui, restait presque stoïque après sa performance : «Je le (Johnson) remercie de nous avoir montré l’exemple pendant toutes ces années. Ce soir, je suis simplement heureux d’avoir fait du mieux que je pouvais.» Si l’athlétisme s’est sans doute trouvé un nouvel héros sur la piste avec le Sud-Africain, celui-ci demeure encore très loin d’égaler la Foudre et son sens de la formule définitive.
Théoriquement, WVN n’a pas de rival sur la distance. Encore faudra-t-il qu’il parvienne à encaisser l’enchaînement des courses, lui qui s’est lancé un défi à la hauteur de son talent en combinant 200 et 400m. Entre les séries du 400m, samedi, et la finale du 200m, prévue jeudi, Van Niekerk s’est concocté un programme d’enfer, avec six courses en six jours. C’est le prix à payer pour égaler le grand Johnson, seul athlète à avoir doublé avec succès les deux épreuves (Mondiaux 1995, JO 1996). Le polyvalent Sud-Africain, capable aussi d’avaler un 200 m en moins de 20 secondes (19’’84) et un 100 m sous les 10 secondes (9’’94), ambitionne d’être le premier homme à casser la barrière des 43 secondes au 400 m. Londres semble le théâtre idéal pour cet immense exploit et la concurrence féroce qui l’attend pourrait l’y aider.
A Rio, Johnson ne doutait pas de sa capacité à le faire dans l’avenir : «Je n’ai jamais rien vu de pareil. C’est fou. Il les a massacrés. Il peut descendre sous les 43 secondes. J’avais essayé mais sans succès. Au couloir 8, il a fait une course contre le temps, loin de James et Merritt.» Certes, le premier nommé, champion olympique en 2012, est absent sur blessure. Mais les deux jeunes loups, l’Américain Fred Kerley (22 ans), 2e performeur de l’année (43’’70), et le Bahaméen Steven Gardiner (21 ans), impressionnant en demi-finales (43’’89), ainsi que le Botswanais Isaac Makwala ont les moyens de le pousser dans ses derniers retranchements. Pour s’imposer comme le successeur de Bolt, Van Niekerk connait cependant le chemin qu’il doit emprunter : «Si je dois être son héritier, ce sera par mes performances, en étant moi-même. Je dois me concentrer d’abord sur mes performances. Alors, prendre la relève de Bolt, c’est encore inimaginable. J’ai du chemin à faire pour me caler dans sa foulée.»

Avec sport24


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