Athletisme

Lamine Diack, ancien patron de l’athlétisme mondial, jugé pour «corruption», il risque 10 ans de prison

Le Sénégalais, son fils et quatre autres prévenus sont soupçonnés d’avoir retardé la suspension d’athlètes russes suspectés de dopage.

L’affaire que la 32e chambre correctionnelle du tribunal de Paris a la charge de juger, de ce lundi 13 janvier au jeudi 23 janvier, s’annonce particulièrement nébuleuse. Le dopage s’y mêle à la corruption, l’athlétisme russe à l’élection présidentielle sénégalaise et les liens familiaux aux instances sportives internationales.

Au cœur de cette affaire, l’ancienne International Association of Athletics Federations (IAAF), renommée World Athletics depuis octobre 2019, son président de 1999 à 2015, le Sénégalais Lamine Diack, et le fils de ce dernier, Papa Massata Diack, qui fut consultant en marketing pour l’IAAF.


Notamment poursuivis pour corruption active et blanchiment en bande organisée, Lamine et Papa Massata Diack encourent dix ans de prison. L’avocat de Lamine Diack, Me Simon N’Diaye, n’a pas répondu aux questions du Figaro, mais selon l’AFP, il plaidera la relaxe.

Une affaire en deux volets

«Le point de départ de toute cette affaire» remonte à 2014, lorsque l’agent d’une marathonienne russe, Lilya Shobukhova, révèle à un salarié de l’IAAF que sa cliente a dû verser 450.000 euros à la Fédération russe d’athlétisme pour ne pas figurer sur une liste de sportifs soupçonnés de dopage. L’affaire prend de l’ampleur et l’Agence mondiale anti-dopage (AMA) confie à une agence indépendante le soin de mener une enquête.

Le parquet national financier (PNF) est saisi en août 2015 et décide d’ouvrir une information judiciaire en octobre 2015. Les trois magistrats instructeurs, parmi lesquels l’ancien juge anti-terroriste Renaud Van Ruymbeke, réalisent rapidement que l’affaire peut en fait être divisée en deux volets. Le premier s’intéresse à des fonds qui auraient été détournés de l’IAAF par Lamine Diack au profit de Papa Massata Diack.

Le deuxième concerne des faits allégués de corruption. Des procédures disciplinaires contre 23 athlètes russes soupçonnés de dopage auraient été retardées afin de permettre à ces derniers de participer à des compétitions en échange de pots-de-vin. Le tout sur fond de renouvellement d’un important contrat de sponsoring avec une banque russe.

Trois prévenus absents au procès

Dans ce deuxième volet, six hommes sont mis en examen. Lamine Diack, son ancien conseiller juridique Me Habib Cissé et l’ancien responsable de l’antidopage à l’IAAF, le Dr Gabriel Dollé, ont tous trois été placés sous contrôle judiciaire en novembre 2015 et seront présents tout au long du procès.

En revanche, Papa Massata Diack, Alexeï Vladimirovitch Melnikov, ancien entraîneur national pour les courses de fond, et Valentin Vassiliévitch Balakhnitchev, ex-président de la Fédération russe d’athlétisme et ex-trésorier de l’IAAF, seront absents. Réfugiés au Sénégal et en Russie, leurs pays respectifs, ils font l’objet de mandats d’arrêts internationaux.

Du côté des parties civiles sont représentées l’AMA, l’IAAF et le Comité international olympique (CIO), ainsi que deux athlètes qui estiment avoir été victimes de ce système de corruption: Hind Chahyd, Franco-Marocaine spécialiste du 800 et 1500 mètres, et Christelle Daunay, Française spécialiste des courses de fond.

«La Russie a financé»

Lors de l’instruction, Lamine Diack a expliqué aux magistrats qu’une partie des fonds russes avaient servi à soutenir l’opposition lors des élections présidentielle et législatives sénégalaises de 2012. «Il fallait financer notamment les déplacements des jeunes afin de battre campagne. J’avais donc besoin de financement», explique-t-il.

«À ce moment-là, il y avait des problèmes de suspension des athlètes russes à quelques mois des championnats du monde en Russie. Moi, il fallait que je gagne Dakar», poursuit Lamine Diack. «Nous nous sommes entendus. La Russie a financé. (…) C’est Papa Massata Diack qui s’est occupé du financement avec Valentin Balakhnichev.»

Vladimir Poutine, avec lequel Lamine Diack entretenait des relations depuis 2006, était-il impliqué? «Je n’ai jamais rencontré M. Poutine pour cela et je ne sais pas si cette information lui est remontée», répond le Sénégalais, qui aurait pourtant confié à plusieurs personnes que le dirigeant russe l’avait «aidé».

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