A tout juste 16 ans, elle vit une vie de ouf. L’histoire, il ya ceux qui la fond et ceux qui la vivent. Alexandra Takounda, elle, bâtit son parcours. Cette jeune lionne est entrée dans l’histoire par la plus grande porte.
C’est un parcours incroyable, digne d’un conte de fée sortie tout droit d’un livre et se résume en trois chapitres. Pour le premier, elle se fait repérer par un entraîneur, David Abbo Hassana alors qu’elle jongle dans la rue. Le second, elle qualifie le Cameroun pour la Coupe du Monde Féminine U-17.
Le troisième, moins aguichant, elle se fracture le pied en juillet et revient à la compétition en septembre. Le quatrième, elle inscrit une madjer à une minute de la fin de son match contre le Venezuela en phase finale de la coupe du monde.
Top fantastique ce parcours, il ya quatre ans de cela, Alexandra Takounda jouait au ballon dans la rue, là voila dans les annales du football Camerounais, et mondial.
Il faut dire que les événements exceptionnels et inattendus se sont succédés dans la vie de la jeune attaquante. Le premier s’est produit en 2012, lorsque David Abbo Hassana, alors entraîneur de la Jeunesse Sportive de Mfandena, un quartier de Yaoundé, surprend une scène hors du commun. « Elle jonglait avec le ballon devant l’entrée principale du stade Omnisports et elle tirait avec une facilité déconcertante. Elle avait une technique innée qui frappait tout de suite », raconte-t-il au site d’information camerounais 237online.com. Quelle était la probabilité qu’un entraîneur de football passe par là à cet instant et découvre ses talents ? Premier miracle…
Alexandra intègre l’équipe de Hassana, avant de le suivre lorsque celui-ci fonde l’Eclair de Sa’a. En deuxième division, elle inscrit 17 buts depuis son poste de milieu de terrain pour terminer deuxième meilleure buteuse de la saison. Une sacrée prouesse, mais pas un miracle. Celui-ci intervient quand Minkréo Birwe, sélectionneur des U-17 qui parcourt le pays à la recherche d’éléments pour constituer sa sélection, pointe son nez à un match de l’Eclair. « Il était venu pour superviser une autre joueuse, mais à sa grande surprise, il m’a vue, et ce qu’il a vu lui a plu », raconte Alexandra à FIFA.com. « Il m’a appelée dans son équipe pour faire un essai. Je me suis donnée à fond, j’ai travaillé, et j’ai réussi à être gardée. »
Il ne le sait pas encore mais l’entraîneur vient par la même occasion de s’ouvrir les portes de la Coupe du Monde Féminine U-17 de la FIFA, Jordanie 2016. Car lors des quatre matches de qualification, sa nouvelle recrue marque quatre fois, dont une en Éthiopie en toute fin de match, ce qui permet aux Bébé Lionnes, alors éliminées, d’aller aux tirs au but, où elles décrocheront finalement leur qualification. Et ça, ça ne ressemble pas un miracle ? Surtout quand on sait que le Cameroun ne s’était jamais qualifié pour l’épreuve mondiale. « C’est un moment d’histoire. C’est la première fois que le Cameroun se qualifie dans cette catégorie. Et j’ai la chance de faire partie de ces joueuses-là, qui ont réalisé quelque chose de grand », clame fièrement Takounda, qui a fêté ses 16 ans en juillet dernier.
Juillet justement, c’est là qu’un autre miracle prend sa source. Retenue dans le groupe camerounais qui prépare le tournoi mondial, Alexandra accepte de le quitter provisoirement pour donner un coup de main à son club, où son talent est devenu indispensable. Malheureusement, la seule chose que son envie de rendre service lui rapporte, c’est une sérieuse blessure. Les médecins sont formels, il y a une fracture et il lui sera impossible d’être remise à temps pour la compétition en Jordanie.
« Elle a pleuré, pleuré, pleuré, mais Impossible n’est pas Camerounais ! Elle n’arrêtait pas d’appeler l’entraîneur et le staff pour leur dire qu’il fallait la prendre, et qu’elle serait prête », nous raconte Josiane Matia, membre de l’encadrement technique camerounais en Jordanie. « Je me suis fracturée le pied en juillet, mais je savais que j’y arriverai », enchaîne l’intéressée. « Je me disais que la Coupe du Monde est en septembre, et que j’allais réussir. Avec l’aide de Dieu et ma volonté, ça a été possible. »
Takounda est donc convoqué dans le groupe camerounais qui va en Jordanie mais son état physique ne lui permet pas de prétendre à une place de titulaire contre le Canada en ouverture. Elle assiste donc du banc à la courte défaite 2:3, et s’y rassoit à l’heure d’affronter le Venezuela. Menées 1:0 et au bord de l’élimination, les Camerounaises ont plus que jamais besoin… d’un miracle. Vous devinez la suite ?
Takounda entre en fin de match et dans les arrêts de jeu, elle est à nouveau touchée par la grâce en égalisant d’une sublime talonnade. Un but aussi beau qu’important, et un nouveau miracle dans sa collection, qui offre alors un point au Cameroun et des chances de survie dans le Groupe B. « J’étais sur le banc, je ne savais pas si j’allais jouer. Avant d’entrer, je me suis dit que même si on ne me donne que cinq minutes, je dois marquer une différence. Et ce but est arrivé », commente-t-elle.
Malheureusement, toutes les histoires ne se terminent pas en rose. La Vénézuélienne Deyna Castellanos tente l’impossible et le réussit : un lob depuis le rond central, qui offre la victoire à la Vinotinto et brise les rêves et le moral camerounais. » Pendant une seconde, on se dit que c’est le plus beau moment de sa vie, et la minute d’après, c’est le pire », se lamente Takounda dans les couloirs du Stade International d’Amman, les yeux humides. » Je suis perdue… Je me pose la question : est-ce que j’aurais dû marquer ce but ? Il ne sert à rien et peut-être que ça aurait été moins dur de perdre 1:0, que dans ces conditions. Tous ces sacrifices n’ont servi à rien. Toute ma vie est un miracle, sauf cette dernière seconde. »
Il reste tout de même aux little Lionesses un denier match à disputer contre l’Allemagne. Alexandra qui espère une place de titulaire pourra avoir du temps de jeu pour poursuivre l’écriture de sa fabuleuse histoire.
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