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Alioum Siddi : « Quand j’étais joueur, je tapais sur les arbitres…»

La CAN Egypte 2019 s’est achevée le 19 juillet dernier et c’est l’Algérie qui règne sur l’Afrique. De retour au Cameroun Alioum Sidi, l’arbitre de la finale qui a officié le match d’ouverture et la finale revient sur ses débuts, alors que son médecin personnel David Abbo Hassana a tenu à l’encourager en lui offrant un arc et des flèches, pour poursuivre la conquête du monde footballistique. C’est donc au micro de camerounsports que le natif de Maroua se rappelle de ses débuts.

Comment avez-vous vécu l’annonce qui faisait de vous l’arbitre de la finale ?

Je suis très content aujourd’hui par rapport à la désignation de la finale. Je remercie la commission des arbitres de la CAF, tout le comité exécutif de la CAF en général de nous avoir fait confiance pour cette finale. Vous avez parlé du pénalty, c’est normal, s’il y a une faute dans la surface de réparation, ça mérite un pénalty. Je l’ai fait, Dieu merci, il y avait une assistance vidéo qui était là et qui m’a donné plusieurs angles, qui m’ont permis d’avoir plusieurs angles, du coup, je suis revenu sur ma décision.


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On va dire que c’est la décision la plus courte dans le monde, puisqu’en, 2 secondes, vous l’avez prise

Effectivement, je l’ai pris en moins de deux secondes, puisque quand je suis arrivé, j’ai tout de suite vu qu’il n’y avait pas mains. Il y avait main, mais elle était naturelle, quand elle est naturelle, il n’y a pas pénalty, concernant les lois de jeu.

Comment vous êtes-vous senti, avec l’accueil qui vous a été réservé à votre retour de la CAN ?
Le voyage a été formidable, on a été surpris de l’accueil. C’est vrai, on nous a soufflé qu’à l’arrivée à l’aéroport, il y a le secrétaire général du Ministère des sports qui va nous accueillir ; parce que le Ministre est empêché, et le président de la Fédération Camerounaise de football et les autorités. Quand nous sommes arrivés, on a trouvé que ce n’était pas ça, c’était vraiment non seulement tout le peuple Camerounais qui était à l’aéroport, vraiment ça nous a un peu surpris, c’était grandiose, c’était fantastique.

Est-ce que cette expérience a changé votre quotidien ?
Non pas du tout, mais c’est vrai, je me suis senti camerounais. J’ai ressenti que le travail qu’on a fait en Égypte était déjà un honneur.

Quel message adressez-vous à ces jeunes qui veulent suivre vos traces ?

Moi j’ai toujours été d’accord avec ces jeunes je leur donne toujours des conseils. Et Dieu merci ce sont de bons exemples qu’on leur donne.  Et chaque fois que j’ai match au niveau national, je prends les arbitres qui prétendent être FIFA s’ils sont dans la ville où je joue le match, qu’ils viennent voir le match. Ça va les aider à tricher quelque chose qui va leur permettre d’apprendre facilement.

Après la conquête de l’Afrique, pensez-vous aller à l’assaut de la coupe du monde ?
Oui, effectivement, nous avons fini avec la coupe d’Afrique des Nations, donc nos deux échéances encore devant nous, il y a la coupe d’Afrique 2021 au Cameroun, nous avons la Coupe du Monde 2022 au Qatar, nous allons toujours continuer à travailler pour se lancer. Il ne faut pas baisser les bras. En coupe d’Afrique, j’ai fait une bonne performance, je sais dans mon cœur que je peux faire encore mieux, donc, je vais continuer de travailler pour essayer d’être parmi les arbitres qui vont faire la prochaine CAN au Cameroun et la prochaine coupe du monde 2022. »

Alors quand vous receviez votre médaille, les présidents Ahmad et Infantino vous ont-ils glissé quelques mots ?

Effectivement, c’est tout à fait normal, ils m’ont félicité, ils étaient tous très content du match. Ça s’est très bien terminé, ils nous ont félicités et nous ont dit de continuer dans cette lancée.

Vous êtes désormais sous le feu des projecteurs, est-ce un nouveau Alioum Sidi qu’on verra ?
Alioum Sidi, reste toujours Alioum Sidi au niveau du Cameroun, au niveau Africain et au niveau international. On a toujours cherché à faire du bien et si on fait du bien et les gens apprécie, nous ça nous mets en confiance et on continu toujours à travailler. C’est quand on me dit que je vais encore beaucoup d’efforts de travail, je ne baisse pas les bras. »

Lorsque vous vous tournez pour regarder vos débuts et votre parcours, qu’est-ce que vous vous dites ?
J’ai commencé un peu difficilement, mais quand j’ai touché le cap, ça a abouti, j’ai pris ce cap là et je suis resté moi-même. Et franchement depuis 2011, c’est l’année de beaucoup de chance pour moi. Parce que c’est cette année-là que je fais la Coupe du Monde cadette au Mexique et c’était la même année que j’ai fait la Coupe d’Afrique cadette au Rwanda et c’est la même année que je fais la coupe d’Afrique des moins de 23 ans au Maroc, vous voyez, c’est la meilleure année pour moi j’ai continué jusqu’à présent.

C’est combien d’années d’expériences ?
J’ai commencé en 1998, et en 2004, j’accède en première division et en 2008, je deviens arbitre FIFA. Cela fait 11 ans de carrière.

Vous vous arrêtez souvent pour regarder toutes ces étapes que vous avez franchi ?
Oui, je pense, je regarde tout, je pense à tout. Je pense souvent à mes matchs de championnat de 2e division de l’extrême Nord. Je pense à tous ces matchs où on m’a menacé de mort, jusqu’à ce que j’arrive au niveau actuel.

Qu’est-ce qui vous a motivé à faire de l’arbitrage ?
En principe, j’étais footballeur, j’ai commencé, je me suis fait mal à Kohi de Maroua, j’étais latéral droit. Donc, je me fais mal au genou, je suis assis chez moi au quartier et Monsieur Toindouba François (il est décédé, NDLR) qui était entraineur régional de football est venu me voir et me dit « Monsieur Alioum, il y a la Fenasco qui se joue, j’ai utilisé tous les arbitres de Maroua, il y a un match qui n’a pas d’arbitre, est ce que tu peux m’aider comme tu as joué au football, je te donne le sifflet où tu trouves un sifflet, pour aller diriger ce match. J’ai dit coach il n’y a pas de problèmes. » J’avais fait 6 mois sans jouer, parce qu’on m’avait donné six mois de repos. Après j’avais commencé à courir. Donc il avait entendu que j’ai repris avec la course, c’est pour cela qu’il était venu me solliciter pour que j’arbitre ce match, j’ai dit qu’il n’y a pas de problème. Il y avait un petit qui nous dérangeait souvent au quartier avec son sifflet, j’ai envoyé mon petit frère pour que ce garçon m’envoie ce sifflet qui nous dérangeait tous les jours au quartier là. Il m’a donnée. A l’époque, il y avait la cigarette jaune (Bastos) et Red club, qui avait la couleur rouge, j’ai détaillé ça, j’ai coupé j’ai formé mes cartons rouge et jaune, je suis parti diriger ce match. Dieu merci, le Sénateur Alioum Alhadji qui était à l’époque trésorier de la Fédération Camerounaise de football qui passait, parce que c’est sa route pour la maison, il a vu un match se jouer parce que le terrain était au bord de la route, il s’est arrêté pour perdre le temps avant de rentrer chez lui, il a constaté que c’était moi qui était l’arbitre. Parce qu’il a été l’un de mes présidents de club Kohi de Maroua. Quand il a fini tout le match, il est rentré chez lui. Moi je ne l’ai jamais vu. Il a envoyé son petit frère chez moi, me disant qu’il a besoin de moi, je suis donc allé. Il m’a dit, tu peux faire carrière dans l’arbitrage si tu veux, parce que moi je t’ai vu diriger un match. C’est comme ça que j’ai dit ok. Parce que moi quand j’étais joueur, je tapais sur les arbitres, j’ai tapé sur les arbitres. Bon aujourd’hui on me dit que je vais faire carrière dans l’arbitrage, j’ai dit ok. Il m’envoi donc voir le secrétaire général de la ligue que je dois constituer  mon dossier, et j’ai l’ai fait. Avec ce même sifflet qu’on m’a donné là, j’ai fait la finale. Il y avait des anciens arbitres qui étaient là depuis, mais c’est moi qui venait d’arriver qui fait la finale à Mokolo. Donc, je suis resté comme ça et j’ai dit, ça là ça peut donner et c’est comme ça que je me suis engager. Donc chaque fois qu’il y avait maintenant match, à la télé, je ne regarde que l’arbitre, comment il se déplace, comment il fait.

Avez-vous un modèle ?
Effectivement, ils sont deux ici en Afrique : Ahmed El Ghandour de l’Egypte et Koja Kofi le Béninois. En Europe, j’ai Massimo Busacca et Collina. Quand il y a match et que c’est eux qui jouent, je ne peu pas manquer ce match.

Que faire pour avoir une grande carrière ?
Il faut toujours avoir un modèle, calquer sur quelqu’un, comment il fait, comment il se déplace, donc, c’est comme ça.

Quel est votre secret ?
« Tout arbitre a son caractère. Un arbitre est à l’aise dans un stade quand il est très prêt des actions, là on apprécie toutes les fautes.

Comment faite vous pour rester performant ?
J’ai un coach personnel que je paye chaque mois, C’est mon préparer physique, c’est lui qui me prépare physiquement. Je suis vraiment très content de lui aujourd’hui, il est très content de moi. Il était d’ailleurs à l’aéroport pour m’accueillir, il m’a embrassé pendant pratiquement 3 minutes, parce qu’il sait ce que j’ai subi et le rendement que j’ai donné. Il est content et je suis satisfait.

Abbo Hassan, votre frère qui vous reçoit ce jour, qu’est-ce que ça vous fait ?
Je suis très ému parce que c’est mon médecin, c’est lui qui me masse. Chaque fois que j’ai des bobos, c’est lui qui me suis. Je ne peux pas aller voir un médecin à l’étranger sans le consulter. Chaque fois que j’ai un bobo, je l’appel d’abord, il me donne des directives, je lui adresse des remerciements pour tout ce qu’il a fait pour moi. Je le remercie pour cette réussite.

Un mot pour ressortir ?

Une fois de plus merci pour tous ceux qui ont œuvré pour que je réussisse dans cette CAN. La commission des arbitres de la CAN, les dirigeants de la confédération Africaine de football, tout le peuple Camerounais qui m’a soutenu, je dis encore merci.

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Frida Nolla

Rédactrice Sports / Declik Group

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