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Francis Koné: «Je ne peux pas voir quelqu’un mourir sans rien faire»

Francis Koné est devenu un héros en République tchèque en empêchant le gardien de but des Bohemians 1905 de Prague de s’étouffer avec sa langue, lors d’un match de championnat, le 25 février. Pour Radio Foot Internationale, l’attaquant togolais du FK Slovacko revient sur cet incident qui a changé le regard de beaucoup de personnes à son égard, y compris des supporters racistes.

RFI : Francis Koné, comment on s’y prend pour sauver la vie d’un homme ?

Francis Koné : C’est grâce à la volonté de Dieu si il [Martin Berkovec, ndlr] est en vie. Ce n’est pas grâce à moi. […] J’ai senti que quelque chose grave se passait. Ça n’était pas la première fois que je vivais ça. C’est la quatrième fois que ça m’arrive. Je ne sais pas pourquoi ça tombe toujours sur moi… Dieu passe peut-être par moi pour sauver des vies. […]

J’étais à proximité lorsqu’il y a eu un choc entre le gardien de but et le défenseur adverse [Daniel Krch, Ndlr]. J’ai compris immédiatement qu’il se passait quelque chose parce que j’ai vu qu’il ne bougeait pas et que son défenseur était ouvert au front et saignait. J’ai donc immédiatement sauté sur le gardien pour l’immobiliser. Parce que dans ce genre de situation, la personne victime dégage une force pas possible, qui vient de nulle part. J’ai donc tout fait pour m’asseoir sur ses bras et lui ouvrir la bouche pour que la langue ne passe pas dans sa gorge. Et j’ai donc réussi à lui attraper la langue.


RFI : La même chose vous est arrivée dans plusieurs pays où vous êtes passé, comme la Thaïlande, Oman, le Portugal ou la Hongrie ?

Francis Koné : La première fois, c’était en Thaïlande et les deux autres fois c’était en Côte d’Ivoire [Francis Koné est né sur le sol ivoirien mais porte les couleurs de la sélection togolaise, ndlr]. Mais c’est vraiment ma deuxième expérience qui a été la plus dure. Le mec en question était sur le point de mourir parce qu’il avait déjà avalé sa langue.

RFI : Avez-vous une formation de secouriste ?

Francis Koné : Non. Le Seigneur était à mes côtés lors de ces moments et c’est pour ça que je m’en suis sorti. Si ça ne m’était pas arrivé auparavant, je ne pense pas que cet homme serait encore en vie.

RFI : Votre geste a visiblement eu un double effet puisque vous avez également fait taire les racistes en devenant un héros.

Francis Koné : Effectivement. Suite à ce geste, j’ai reçu un message de supporters des Bohemians qui imitaient des cris de singe durant le match. Ils se sont excusés parce qu’ils n’imaginaient pas qu’un noir pouvait sauver l’un de leurs joueurs.

RFI : Subissez-vous ce racisme au quotidien en République tchèque ?

Francis Koné : Ce n’est pas qu’en République tchèque mais un peu partout dans le monde du football. Ce geste ne vient pas de moi mais de Dieu. C’est un message divin pour que ces choses dans le milieu du foot que nous subissons, nous les Noirs, s’arrêtent. […] Le football, ça ne se résume pas à courir derrière un ballon. Le football, c’est aussi le respect de l’adversaire. […] La vie est quelque chose de sacré. Je ne peux pas voir quelqu’un en train de mourir sans rien faire, et ce quel que soit sa nationalité ou sa couleur de peau. J’ai le devoir d’aider les gens.

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