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Joue-la comme George Weah

Alors que l’Afrique attend avec impatience que soit officialisée l’élection de George Weah à la présidence du Liberia, le petit monde du football continental a découvert qu’Emmanuel Eboué, l’un de ses fils les plus illustres, avait tout perdu. À 33 ans.

Du temps où il était encore joueur professionnel, dans cette autre vie dont il ne s’est pas tellement éloigné si l’on en juge par les photos du match qu’il a disputé avec ses fils et ses amis de toujours AKB Bangoura, Sekou Coulibaly et Youssouf Fofana, la veille du 2e tour de la présidentielle au Liberia, son nom n’est jamais apparu dans les gazettes pour stigmatiser des excès ou des mauvais choix. Enfant du peuple, George Weah n’a jamais cédé à la tentation de la facilité. Quand les médias occidentaux – français en particulier – lui reprochaient des manques supposés ou réels sur le plan de la communication, Oppong Manneh répondait sur le terrain par des buts. Weah aimait marquer et gagner. Il dépensait aussi, sans compter. Mais ce n’était jamais pour des futilités.

Un Ballon d’Or pour apaiser et réconcilier
Son argent, il le mettait à disposition de son pays. Et de sa sélection, qu’il a portée à bout de bras en la finançant et en payant même l’inscription de son pays dans les instances officielles. De son club auto-fondé, les Junior Professionnals, qui disputa la C1 africaine. Sans compter le nombre de compatriotes qu’il aida à trouver un point de chute en Europe. Ainsi était Weah joueur, paradant avec son Ballon d’or France Football 1995 – à ce jour le seul remporté par un Africain – dans les rues de Monrovia. Non pas pour en tirer une gloire personnelle, mais pour partager ce cadeau avec une population épuisée par un conflit fratricide, dans une manière d’apaisement et de réconciliation entre les différentes factions qui se déchiraient pour le contrôle du pouvoir.
Weah a appris et travaillé
De quoi inspirer son jeune «frère» Didier Drogba, 10 ans plus tard, à Ondurman, lorsqu’il appela son pays à la trêve et à la réconciliation, après avoir offert la qualification au Mondial 2006.


C’est donc cet homme de 51 ans, auquel on n’a jamais connu d’ennemi véritable, qu’une majorité issue des 2,1 millions de votants a choisi de porter à la tête de son pays, alors que les premiers chiffres indiquent que son succès risque d’être indiscutable. Comme il l’était sur le terrain. Injustement brocardé pour ses origines modestes, son métier de footballeur et une scolarité vécue en pointillés, Weah a appris et travaillé, toutes ces années. Il a placé son argent, investi son temps dans la politique pour devenir sénateur. Il a appris à s’exprimer en public, jusqu’à devenir un tribun très apprécié. Son futur triomphe ressemble à une longue marche. Et ce n’est encore que le début d’une nouvelle vie, entièrement dédiée à son peuple et à son pays.

Manu Eboué s’est perdu en route
Au moment où nous guettions les premiers résultats du côté de Monrovia, la presse britannique à sensations livrait le témoignage édifiant d’Emmanuel «Manu» Eboué, latéral droit ivoirien et ex-international d’une trentaine d’années, chouchou d’Arsenal. Et aujourd’hui totalement ruiné. N’est pas Weah qui veut. Comment un gamin, formé et éduqué selon les préceptes de l’Académie MimoSifcom, sous la bienveillante direction de Jean-Marc Guillou, a-t-il pu se fourvoyer à ce point ? Eboué, contemporain de Drogba, et qui a grandi avec Yaya Touré, n’a plus rien. Son divorce et des mauvaises décisions l’ont plongé dans un puits sans fonds. Son destin paraissait pourtant écrit d’avance, comme pour pas mal d’Académiciens conseillés par leur père spirituel. Mais Manu s’est perdu en route. On ne jugera pas le joueur et l’homme, dont on regrette évidemment le destin.

On saluera en revanche son courage, celui de verbaliser publiquement ce qui l’a conduit dans cette situation. Aux dernières nouvelles, plusieurs anciens clubs (Arsenal, Galatasaray) seraient prêts à lui offrir un job. La solidarité du monde du football pourrait lui donner une seconde chance. C’est heureux. Son exemple, tout autant que celui de George Weah, est à méditer par tous ceux qui rêvent du professionnalisme. Un métier qui mène à tout à condition d’en sortir. Et de se donner une chance de grandir pour la communauté, plutôt que de se brûler les ailes en dépensant tout ce qu’on a gagné.

Sourrce: francefootball.fr

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