Football

Benjamin Lekoua : « Le Cameroun détruit les talents, il faut rebâtir une équipe nationale avec des amateurs…»

Le PDG de XNet Phone, le 1er téléphone camerounais, remonté après la médiocre prestation des Lions Indomptables du Cameroun à la Coupe d’Afrique des Nations 2015 nous livre son analyse lors de ce dernier match face à la Côte d’Ivoire, expose les faiblesses lors de la compétition. Et Monsieur Benjamin Lekoua fait néanmoins une ébauche pointue de solutions pour un football camerounais en meilleure santé.

Les Lions Indomptables sortent une nouvelle fois par la petite porte. Malgré des efforts de montrer aux camerounais qu’ils ont le potentiel, la CAN 2015 c’est fini ! Votre avis ?

La 1ère chose comme je l’ai dit dans d’autres médias internationaux, force est de constater que les choix tactiques de notre coach sont vraiment discutables. Et aujourd’hui, on constate avec amertume qu’à chaque match, le coach met une nouvelle équipe. Ça c’est fait en Coupe du Monde, ça c’est répété en Coupe d’Afrique. Comme on  dit en sciences et en mathématiques, les mêmes causes produisent les mêmes effets ! il ne faut être surpris qu’on soit éliminés. Nous avons une équipe type qui a joué les éliminatoires et on s’est qualifié, certes en battant les petites équipes comme la Sierra Leone mais on a aussi battu la Côte d’Ivoire, on  a battu la RDC. Mais vous constater avec moi que le favoritisme ne doit pas être un critère de sélection dans le sport. Quand vous voyez qu’il y’a des joueurs qui font sélectionner leurs frères qui ne méritent pas. Et les joueurs qui méritent, qui on faim de jouer, attendent au banc de touche. C’est tout simplement désolant. C’est honteux qu’un coach de ce niveau qu’on espère coach international puisse faire du favoritisme, du copinage, alors que l’esprit de tout un peuple attend une victoire. Nous sommes FairPlay, la Côte d’Ivoire a amplement mérité sa victoire. Ils ont musclé le milieu de terrain, la défense et ils ont procédé par contre. Ils jouent de long ballon et toute leur défense reste bloquée. C’est exactement ce qu’on devait faire. Dès que le coach a vu ça, à la dixième minute de jeu, il faisait sortir tous ses amis : les Etoundi, Salli Edgard qui ont du talent mais n’ont pas encore le niveau pour être titulaire en équipe nationale du Cameroun. On a demandé au coach pourquoi il n’a pas sélectionné Alexandre Song, pourquoi il ne fait pas joué Clinton N’Jié, Kweuke… Pourquoi il ne remet pas l’équipe qui nous a qualifiés pour la CAN. Il a donné des réponses évasives en disant oui, c’est lui qui a sélectionné tel, c’est lui qui découvert tel ! Quand on découvre un talent, on le maintient. Claude Leroy a ramené ici au Cameroun, Lauren Etame Mayer et ce dernier nous a fait gagner deux Coupes d’Afrique des Nations, il a participé à la victoire des Jeux Olympiques, il nous a fait allé en finale de la Coupe des Confédérations. Alors, si le coach a découvert Clinton N’Jié, il devient une star point barre ! Neymar à 19 ans est titulaire en équipe nationale du Brésil. Comment le joueur qui est le deuxième meilleur passeur du championnat de France, on le met au banc de touche ?! Et on fait jouer un joueur comme Etoundi qu’on ne connait pas. Il y’a un problème de stratégie. Il y’a un problème d’envie de gagner. Est-ce que ce coach avait même envie de gagner ? Si ce monsieur est un grand monsieur, comme ça se fait en Europe, il doit tirer les conclusions de son échec. C’est la deuxième fois qu’il échoue. Qu’il démissionne et qu’il laisse notre football. Djonkep Bonaventure a été de l’expédition de 1984 qui gagne la 1ère Coupe d’Afrique des Nations. Il était là en 86, on a joué la finale, il était là en 88 et nous avons gagné. Il était en Coupe du Monde 90 où nous sommes allés au quart de finale. Djonkep Bonaventure peut diriger l’équipe nationale du Cameroun, nous n’avons pas besoin de ces coachs là qui ne comprennent rien à rien au football africain. Il fait chez nous ce qu’on appelle le flotambo ! Tous les jours, il crée une nouvelle équipe et malheureusement aujourd’hui la Côte d’Ivoire nous attendait de pied ferme et voilà. Et on dit bon vent à la Côte d’Ivoire. Vive les Lions Indomptables ! Moi je suis et je demeurerai Lion Indomptable avec ou sans défaite mais il y’a la manière de perdre. Nous ne pouvons pas perdre avec des bons joueurs au banc de touche. C’est ça que je regrette le plus. Comme on dit ailleurs et ici, le Cameroun enterre les talents !!! Le Cameroun détruit les talents ! Et si on ne peut m’expliquer aujourd’hui pourquoi on ne peut pas mettre un talent comme Clinton N’Jié dans une coquille ; on le fait asseoir quand les gens qui n’ont pas le mérite jouent. C’est honteux !


Au vu de cette piètre prestation, il y’a des conclusions à tirer, chose faite. Mais quelles sont les solutions que vous proposez pour le futur ?

La 1ère c’est que nous avons besoin d’un coach qui doit louer une villa à Yaoundé. Il doit vivre au Cameroun ; il doit regarder tous les matchs de 1ère Division. Il doit détecter les joueurs camerounais qui jouent au Cameroun. Ce sont ces joueurs là qui vont faire l’ossature de l’équipe nationale. C’est avec ça que nous avons toujours gagné les grandes compétitions. Je vais toujours vous rappeler que la défense du Cameroun c’était Sinkot Isaac, Kundé Emmanuel, Onana Jules Denis, Massing Benjamin, Ndi Paken Victor, Agbor Hans, Mboumbou Emile… Des joueurs qui jouaient localement. Et après, on renforce cette équipe avec des professionnels qui viennent renforcer l’ossature de l’équipe locale. La 2ème chose c’est que nous ne pouvons pas regrouper les joueurs en 02 semaines et espérer faire des résultats. Une équipe nationale c’est une équipe qui joue ensemble tout le temps. Ça veut dire que chaque mois, localement ici, on a une petite équipe nationale qui est là. Une équipe B ou A prim’ qui livre un match amicale de temps en temps avec le Gabon, la Guinée Equatoriale, etc pour que les joueurs maintiennent la forme et fasse la compétition internationale. Troisièmement, je pense pour ma part que le fait de mettre certains joueurs à l’écart, vraiment ça n’arrange pas le problème du football camerounais. Pour avoir un joueur de talent international, on les compte au bout des doigts ! Le Portugal est un grand pays de football mais ils ont combien d’internationaux ? Une dizaine ! Le Brésil est un grand pays de football mais quand vous comptez les internationaux brésiliens, ils sont combien ? Une vingtaine ! Le Cameroun a aussi les internationaux. Mais comment est-ce qu’on va discriminer les joueurs comme Alexandre Song qui sont excellents à leur poste et qui ont demandé pardon après la bourde qu’il y’a eu au mondial. Mais il faut savoir excuser. Si nous sommes là pour construire, on le fait avec tout le monde. On ne peut pas exclure certains et espérer réussir. Dès qu’on exclut certains talents, nous-mêmes nous excluons les victoires. C’est simple ! Je pense que le football camerounais a une longue vie devant lui. Et si on réussit à trouver un coach, par exemple le coach du Mexique, aujourd’hui c’est quelqu’un qui peut arriver et nous bâtir une équipe vraiment solide qui joue collectif et qui n’a pas des objectifs malsains d’aligner le frère de tel ou l’ami de tel ou le fils de tel. Le sport a ses conditions. Le sport a ses conditions. Au sport, ne sont qualifiés que ceux qui sont compétents et ceux qui méritent. Si on vous dit de courir le 100 mètre, si vous êtes dernier, vous êtes éliminé. Comment chez nous on va sélectionner des gens qui ne méritent et qui se retrouvent même titulaire en équipe nationale alors que nous avons envie de gagner. Alors que le peuple camerounais a soif de victoires, attend le succès de son équipe nationale ? Donc, pour la cohésion du jeu, pour l’intégration du football amateur, pour développer même notre championnat de foot, on peut réserver 05 places en équipe nationale aux joueurs amateurs qui sont bons. Vous allez voir que dès qu’on va sélectionner les joueurs amateurs en équipe nationale, vous allez voir que les gens vont fuir les championnats en Afrique australe, un peu partout en Asie et ils vont revenir ici parce qu’ils auront une chance d’être sélectionné. Nous avons les talents qui se cachent en Indonésie, en Thaïlande, en Chine, en Zambie, en RDC, en Angola, etc. Ces talents là peuvent servir et je regrette aujourd’hui de dire qu’un attaquant comme Ebosse n’a jamais été sélectionné en équipe nationale, qu’on le découvre seulement quand il est décédé. Or, c’est un joueur émérite et on cherchait les attaquants de pointe qui peuvent marquer. Il y’a un problème de refondement de cette équipe nationale. Et rebâtir une équipe avec des professionnels, je pense que c’est vraiment ne pas aller au fond des choses.

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