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Rugby/Philippe Saint-André: «Une aventure exceptionnelle avec le Cameroun»-

Philippe Saint-André entraînera l’équipe du Cameroun lors de la Bronze Africa Cup, la 3e division de la Coupe d’Afrique de rugby. L’ex-entraîneur du XV de France espère aider les Camerounais à surclasser les Algériens et les Nigérians, tout en retrouvant le plaisir de coacher après plus d’un an loin des bancs de touche.

Philippe Saint-André, vous allez prochainement collaborer avec la Fédération camerounaise de rugby. Pouvez-vous nous expliquer en quoi va consister cette collaboration ?

Philippe Saint-André : Dans le rugby, il y a souvent des rencontres. J’ai un ami de longue date, Georges Ngono, qui jouait au même club que moi à Romans [l’USRP devenu le Valence Romans Drôme Rugby, Ndlr] et qui est le team manager de la Fédération camerounaise (Fecarugby). Je vais leur donner un coup de main à l’occasion de leur vingtième anniversaire, et pour une Coupe d’Afrique à domicile face au Nigeria et à l’Algérie entre le 6 et le 13 mai. […]

Je vais me mettre en short et je vais les entraîner pendant deux semaines. Il y a actuellement dix-huit à vingt joueurs qui évoluent en France, du Top 14 à la Fédérale 2 ou la Fédérale 3 [de la première à la cinquième division française, Ndlr]. On connait certains joueurs comme Olivier Missoup du Racing 92, Arsène Nnomo du club d’Agen ou Christian Njewel qui joue en seconde ligne au LOU (Lyon). On essaye de rapatrier tous ces joueurs pour vivre une aventure exceptionnelle : représenter leur pays. Les Camerounais n’ont pas disputé de match depuis de nombreuses années [suite à la suspension de leur Fédération, Ndlr]. […]

Il y a aussi de nombreux joueurs basés au Cameroun. Il faut essayer de mélanger la petite quinzaine de joueurs évoluant en France avec ceux basés au Cameroun et qui pratiquent ce sport fantastique.


RFI : Connaissiez-vous bien les rugbymans camerounais ?

Philippe Saint-André : Je connaissais ceux qui évoluent en Top 14 et en Pro D2. Je ne connaissais pas forcément ceux qui évoluent en Fédérale 1, en Fédérale 2 et en  Fédérale 3. On a fait un appel du pied à toutes les forces vives. Ce qui est incroyable, c’est qu’on découvre des joueurs chaque semaine. Pour être honnête, au début on trouvait surtout des avants. Mais, depuis, on s’est rendu compte qu’un demi de mêlée évoluait en Fédérale 2 un autre arrière-ailier qui jouait en Fédérale 1, etc.

Après, cette Coupe d’Afrique va avoir lieu en-dehors des périodes IRB [les périodes  réservées aux matches des équipes nationales, Ndlr]. Il va falloir une motivation incroyable à ces joueurs pour pouvoir venir. Très souvent, il va aussi falloir l’accord de leurs clubs ainsi que la bienveillance de leurs entraîneurs et de leurs managers pour vivre cette aventure fantastique.

De mon côté, je le fais bénévolement parce que je suis disponible, que ce sont les vingt ans de la Fédération et qu’ils ont besoin d’un coup de main.

RFI : Votre notoriété, votre expérience et vos relations avec les acteurs du rugby français peuvent-elles aider à ce que les joueurs camerounais soient libérés de leurs obligations en club durant cette Coupe d’Afrique ?

Philippe Saint-André : Oui, bien sûr. Par exemple, en ce qui concerne Christian Njewel, si jamais le LOU est déjà assuré de rester en Top 14, Pierre Mignoni, son entraîneur, m’a assuré que le joueur serait mis à disposition. J’ai eu au téléphone pratiquement tous les joueurs concernés qui évoluent en France. Ils sont motivés. C’est une fierté pour eux de pouvoir représenter leur pays dans une aventure comme celle-là, face à des pays qui se sont structurés. C’est le cas de l’Algérie. Les Nigérians, on les connaît aussi. Ils sont très bons en rugby à 7. Ils ont donc des qualités aux postes de trois-quarts. […]

RFI : Connaissiez-vous bien le rugby africain avant cette sollicitation ?

Philippe Saint-André : J’ai eu l’occasion de découvrir certains lieux lorsque j’étais entraîneur de l’équipe de France. Mais pour moi aussi, c’est une aventure exceptionnelle. On dit souvent que le rugby est une école de la vie. Ce sera quelque chose d’exceptionnel d’aller là-bas, d’y rencontrer des gens passionnés. Je m’en rends compte à travers les mails que je reçois. Je vais essayer d’y prêcher la bonne parole de de notre sport et de développer le rugby au Cameroun.

RFI : Aviez-vous déjà reçu ce type sollicitation de la part d’autres fédérations africaines ?

Philippe Saint-André : De la part de fédérations africaines et de la part d’autres fédérations ! Mais j’ai été entraîneur de clubs professionnels pendant quinze ans puis sélectionneur pendant quatre ans. Donc, je n’étais pas disponible. Là, j’ai arrêté d’entraîner pendant un an et demi. J’ai des activités pour les groupes SFR, BFM TV et RMC pour lesquels je commente notamment le championnat d’Angleterre.

Je vais donc pouvoir remettre le short et reprendre du plaisir sur le terrain. Donc, je pense que cette expérience, c’est du gagnant-gagnant. […]

RFI : Connaissez-vous le Cameroun ?

Philippe Saint-André : Pour être honnête, je n’y suis jamais allé. Je connais davantage la Tunisie, le Maroc ou le Sénégal. Je vais donc découvrir ce pays mais aussi la passion de ces joueurs-là. Ils sont éliminés de la course à la qualification pour la Coupe du monde 2019. Mais pourquoi ne pas créer une bonne équipe afin de prétendre à la qualification pour 2023 ?

 

Une figure du rugby français

Philippe Saint-André est une personnalité majeure du rugby français. Ancien capitaine du XV de France, avec lequel il a joué 69 matches durant les années 1990, celui qu’on surnomme « PSA » a notamment fini troisième de la Coupe du monde 1995 et a gagné le Tournoi des Cinq Nations en 1993.

En 1998, cet ailier est également devenu entraîneur de clubs. Il a depuis coaché en Grande-Bretagne (Gloucester et Sale) et en France (Bourgoin-Jallieu et Toulon), avant de prendre les commandes de la sélection française, de 2011 à 2015. Un mandat mitigé qui l’a vu quitter les terrains, après une lourde défaite face à la Nouvelle-Zélande en quart de finale de la Coupe du monde 2015.

 

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