Messi contre Ronaldo. Ronaldo contre Messi. C’est toujours la même rengaine. Encore et toujours. Mais après ce troisième Clasico de la saison (une victoire partout après la double confrontation en Supercoupe d’Espagne) l’impression que ces deux joueurs sont et seront des extra-terrestres s’ancre encore davantage. Dans un Camp Nou surchauffé au coup d’envoi, les deux rivaux se sont cherchés sans se voir. Mais ils se sont rendu coup pour coup. A l’ouverture du score de Ronaldo (23e) – parfaitement servi par l’altruiste Özil – logique vu le début de rencontre plus complet des Madrilènes, Messi a répondu huit minutes plus tard (31e), non sans dire merci à Pepe, malheureux voltigeur et passeur malgré lui. En seconde période, bis repetita mais à l’envers. Lionel Messi a frappé le premier grâce à un somptueux coup franc (61e) et Ronaldo lui a répondu cinq minutes après (66e).
Que faut-il exactement retenir de ce scénario ? Cela semble clair, les deux hommes se motivent l’un l’autre et surtout se complètent. La proximité des buts est troublante. C’est la première fois dans leur histoire commune que les deux joueurs marquent un doublé lors du même match ; deux doublés, c’est même une première depuis 2007 et ceux de Van Nistelrooy et… Messi. Le duel à distance a évidemment relancé la course aux statistiques folles. Pour le classement des buteurs, impossible de les départager. Après sept journées de championnat, Messi et Ronaldo totalisent 8 buts chacun et trustent le leadership de ce classement annexe que Messi a déjà remporté deux fois (contre une à Ronaldo). Ronaldo est devenu au cours de la rencontre le premier joueur à marquer lors de six Clasicos consécutifs, dépassant le record d’Ivan Zamorano buteur à cinq reprises face au Barça. Alors Messi, meilleur buteur de l’histoire du club catalan dans un Clasico, s’est rapproché du record d’Alfredo di Stefano, meilleur buteur de tous les temps dans ce duel légendaire (avec 18 buts). Depuis la saison 2009/2010, les deux hommes ont marqué 331 buts à eux deux (170 pour Messi, 161 pour Ronaldo). Unique dans l’histoire du football.
Lionel Messi : "Il n’y a pas de rivalité individuelle, simplement collective"
Après la rencontre, pas question de parler classement et des huit points qui séparent le leader barcelonais de son grand rival. Le leitmotiv des questions et des réponses concernait le duel "caduque" des deux superstars à moins de trois mois de l’attribution du Ballon d’Or. Parole est donnée à José Mourinho. "Je ne veux pas m’embarrasser avec des histoires de numéro un ou autre… Ce devrait être interdit de déterminer qui est le meilleur joueur du monde. Je préfèrerais que ‘le mien’ gagne, parce qu’il a remporté le titre dans le Championnat le plus important du monde. Mais je répète : ça devrait être interdit : l’un et l’autre sont fantastiques". Même son de cloche du côté d’Andoni Zubizarreta, le directeur sportif du club catalan. "Leo est le meilleur joueur du monde mais pour d’autres, c’est Cristiano. Aujourd’hui nous avons assisté à un duel énorme entre deux grands joueurs et deux grands collectifs."
D’autres sont moins rassembleurs. Pour Emilio Butragueño, le directeur des relations institutionnelles de la Maison Blanche, c’est évidemment Ronaldo, le lutteur blessé, qui doit émerger du débat. "Ils sont peu à apporter à l’équipe autant que lui. Je lui voue une énorme admiration. Il n’a pas lâché, même s’il était touché. C’est un gagneur et nous le remercions pour tout ce qu’il fait pour le club. Sans lui, ce serait un autre Real". Mais Tito Vilanova, son entraîneur, érige déjà son propre joueur au-dessus de tous les autres, sans nuance. "Messi reste toujours aussi jeune. Je ne sais pas où sont ses limites. Vous deviez voir comment il s’entraîne, l’envie qu’il manifeste au quotidien de progresser encore. Je crois que nous ne verrons plus jamais un joueur de ce calibre. Il est le meilleur joueur du monde et de loin. (…) Messi et Ronaldo sont deux joueurs fantastiques, qui ont émergé en même temps. Si Leo n’appartenait pas à cette époque, Cristiano serait encore plus reconnu. Mais il a eu la chance, ou la disgrâce, d’évoluer en même temps que ce joueur que nous ne reverrons jamais plus".
Cristiano Ronaldo ne s’est pas exprimé après ce choc, diminué par une blessure à l’épaule qui nécessite des examens complémentaires. Lionel Messi a bien parlé, se gardant cependant de nourrir le débat. "Les matches entre le Real et le Barça sont de plus en plus équilibrés. Ce sont les deux meilleures équipes. Il n’y a pas de rivalité individuelle, simplement collective", a souligné le joueur catalan. On soulignera l’humilité des propos, qui dissimule une réalité beaucoup plus complexe, comme l’a montré leur ignorance mutuelle le 30 août dernier. Avec ces deux doublés, Messi comme Ronaldo ont simplement pris date pour d’autres joutes.
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