En signant un but d’extraterrestre samedi dernier face à Arsenal, Eden Hazard a rappelé au monde du football quel dribbleur d’exception il était. Passements de jambe, roulettes, crochets, feintes de frappe : ce sont ces gestes qui nous font aimer le football. Alors, forcément, difficile de ne pas céder à la tentation pour désigner le roi des dribbles.
Avant de commencer la rédaction de cet article, on entend déjà vos plaintes. « Quoi ? Untel n’est que 10e, un autre n’est pas premier ? On ne regarde pas les mêmes matches ». Vous aurez probablement raison. Mais nous aussi. Dresser un top, surtout celui des dribbleurs de la planète foot, n’est jamais chose aisée et comporte forcément une part de subjectivité assumée. Certes, les stats peuvent permettre de classer mais ne tiennent pas compte d’autres critères, bien plus personnels.
Comment expliquer qu’un sombrero de Neymar nous touche plus qu’un crochet de Robben ? Qu’un grand pont supersonique de Dembélé nous fasse davantage lever de notre chaise qu’un petit pont de Boufal ? Impossible rationnellement. Alors, laissons parler les sentiments.
Pour ce Top 10, nous avons donc laissé parler notre cœur tout en nous appuyant sur certaines stats, histoire de dresser une liste de départ. Surtout, nous avons considéré que le spectacle et l’humiliation du défenseur, nécessaires à tout dribble légendaire, passaient avant l’efficacité dans certains cas. Merci les artistes.
10 : Arjen Robben (Bayern Munich, 33 ans, Pays-Bas)
Pourquoi lui ? Pour sa classique. En 17 ans, aucun défenseur n’a réussi à stopper son enchaînement crochet vers l’intérieur, frappe enroulée (ou pas d’ailleurs). Et quand certains cherchent à anticiper, le Néerlandais va vers le côté opposé. Diabolique. Accélérations dévastatrices, dribbles dans les petits espaces et humiliation en un contre un ont rythmé sa carrière.
Ce qui lui manque pour être plus haut : Une machine à remonter le temps. A 33 ans, Robben n’est plus tout jeune et sa carcasse s’abîme, comme toujours, régulièrement. Certains de ses dribbles sont également parfois faits au détriment de choix de passes plus judicieux. Mais on pardonne tout à l’égoïste Néerlandais.
9 : Sofiane Boufal (Southampton, 23 ans, Maroc)
Pourquoi lui ? Parce que c’est le prototype du joueur qui fait venir les personnes au stade. D’une finesse technique magnifique, le Marocain a régalé à Lille avant de logiquement s’envoler en Angleterre, du côté de Southampton. Renommé « Boufalinho » outre-Manche, il a déjà séduit par sa prise de risque et ses dribbles chaloupés. Mieux, il est le 6e joueur en Europe en terme de dribbles réussis.
Ce qui lui manque pour être plus haut : Une saison complète au plus haut niveau et des coups d’éclats marquants dans des gros matches. Mais, à 23 ans, le Marocain a le temps de voir venir.
8 : Cristiano Ronaldo (Real Madrid, 32 ans, Portugal)
Pourquoi lui ? Positionner CR7 dans ce classement a été le plus compliqué. Son talent n’est évidemment pas remis en cause, tout comme ses capacités en un contre un. Mais la mutation de son jeu a plaidé en sa défaveur. Davantage buteur, Ronaldo a troqué ses habits de dribbleurs fous de l’époque Manchester pour se concentrer sur l’essentiel : l’efficacité. Les passements de jambes ont laissé place aux enchaînements crochet-frappe qui font presque toujours mouche. Sa feuille de stats ne s’en plaint pas. Nous, un peu plus.
Ce qui manque pour être plus haut : De la fraîcheur. À 32 ans, CR7 provoque moins. Cette saison, il est même très (très) loin des cadors en terme de stats (0,9) réussis contre plus de 5 pour les leaders.
7 : Paulo Dybala (Juventus, 23 ans, Argentine)
Pourquoi lui ? Parce que c’est la définition même du joueur frisson. Chacune de ses prises de balle suscite l’attention et les questions. Car avec son pied gauche, la pépite argentine sait tout faire. Dribbles courts, petits ponts, feintes, crochets : les défenseurs de Serie A s’arrachent les cheveux face à lui. Le joueur ultime sur FIFA.
Ce qui lui manque pour être plus haut : De la régularité. Par moments, Dybala est absent. Un crève-cœur pour les amoureux du jeu. A lui de savoir trouver la bonne carburation.
6 : Adama Traoré (Middlesbrough, 21 ans, Espagne)
Pourquoi lui ? Tout simplement car c’est le meilleur dribbleur d’Europe cette saison. Avec 5,4 dribbles réussis par match cette saison, le jeune Espagnol affole l’Angleterre. Ailier droit supersonique formé au Barça, la pépite n’a jamais réellement eu sa chance en Catalogne et a choisi de s’exiler pour grandir. Après Aston Villa, c’est Middlesbrough qui l’a récupéré et s’en frotte les mains. Ultra-rapide, c’est l’accélérateur de particules par excellence par ses coups de rein dévastateurs.
Ce qui lui manque pour être plus haut : Du temps. Traoré est appelé à devenir un cador dans les saisons à venir. Reste à se canaliser, user ses dribbles à bon escient et se montrer décisif. Mais un conseil, gardez un œil sur lui.
5 : Ousmane Dembélé (Borussia Dortmund, 19 ans, France)
Pourquoi lui ? Faut-il vraiment l’expliquer ? Vous le connaissez comme nous et vous régalez sans doute face à ses coups de reins dévastateurs. 7e au classement des dribbles réussis en Europe, il a mis les défenses de Bundesliga au supplice et continue de montrer l’étendue de son talent (infini ?) chaque week-end. Crochet, grand pont ou feintes dévastatrices, tout y passe. Et le nombre d’adversaires à éliminer sur une accélération fulgurante ne lui fait pas peur. C’est même l’inverse.
Ce qui lui manque pour être plus haut : Un cadrage tactique plus précis et savoir faire les bons choix au bon moments. Déjà ultra-performant, le Français gagnerait à lisser son jeu pour canaliser ses forces. Mais, pour l’amour de Dieu, que cet homme continue à humilier les défenseurs adverses.
4 : Riyad Mahrez (Leicester, 25 ans, Algérie)
Pourquoi lui ? Le choix du cœur. Cette saison, le meilleur joueur de Premier League 2015-16 est un peu plus effacé. Il n’empêche, il n’a cessé d’émerveiller la saison passée. Ses dribbles chaloupés depuis le côté droit, son goût du spectacle, des crochets et des feintes ont laissé plus d’un défenseur sur les fesses. Comme tous les joueurs de ce classement, un seul de ses gestes peut figer un stade entier et mettre la chair de poule. Sensations fortes garanties.
Ce qui lui manque pour être plus haut ? Pas grand-chose pour être sincère, si ce n’est prouver à l’échelon supérieur, en Ligue des champions cette saison ou en compétition internationale par exemple. Uniquement dépassé par des martiens du dribble, il lui manque aussi un but référence comme celui d’Eden Hazard ou de Messi face à Villarreal pour définitivement laisser sa trace.
3 : Eden Hazard (Chelsea, 26 ans, Belgique)
Pourquoi lui ? Parce que, en forme, il est inarrêtable. Demandez aux défenseurs d’Arsenal. Au-delà de son but fantastique qui a laissé Coquelin à terre, il s’est baladé dans l’arrière-garde des Gunners tout en bafouant les Droits de l’Homme face à Mustafi qui a terminé en roulade sur une simple feinte. Appuis courts, crochets dévastateurs, roulettes, orientation du buste constamment face à l’adversaire et ballon collé au pied, voilà la symphonie que chante la muse Hazard lorsqu’il est au top. Au fond du trou la saison passée, il est 4e au classement des dribbles réussis en Europe. Et ça fait la différence.
Ce qui lui manque pour être plus haut : Rien. Les deux devants sont simplement monstrueux mais Hazard aurait pu être plus haut sans problème. Il fallait simplement trancher. Tellement dur…
2 : Lionel Messi (FC Barcelone, 29 ans, Argentine)
Pourquoi lui ? Parce que Messi. Difficile de faire plus concis. Joueur le plus talentueux de sa génération balle au pied, il est au-dessus de la mêlée. Une fois lancé, personne n’a jamais réussi à l’arrêter. Messi, c’est aussi des buts de légende qui ont marqué la mémoire collective : sa chevauchée face à Villarreal ou son humiliation face à Boateng. Ibra le résume à lui-tout seul : « C’est comme jouer à la PlayStation : tu lui donnes la balle et il commence à passer tous les adversaires, c’est ça Messi ». Encore que, même avec une console, certains de ses dribbles ne sont pas reproductibles.
Ce qui lui manque pour être plus haut : Dans ces hauteurs, le classement devient presque fictif. Surtout concernant Messi qui n’a pas d’équivalent sur terre (s’il existe, qu’il se manifeste très vite). Messi est 1er. Tous les jours. Tous les ans. Mais sa mue en footballeur total l’a éloigné un chouïa du joueur provocateur qu’il était. Plus altruiste, plus passeur, Messi a fait évoluer son jeu. Ses dribbles sont moins faits pour faire le show mais pour créer des décalages ahurissants. L’efficacité avant tout. Avec la classe qui l’accompagne. Alors, pour lui, c’est la deuxième place. Mais elle est tellement anecdotique tant ce génie surpasse tout le monde.
1 : Neymar (FC Barcelone, 25 ans, Brésil)
Oui, Neymar. Celui qui déçoit en ce moment alors qu’il a ébloui la planète foot ces dernières années. Alors, pourquoi lui ? Parce que, cette saison, il est deuxième au classement des dribbles réussis derrière Adama Traoré. Mais, au-delà des chiffres, Neymar c’est le « joga bonito ». Quitte à en faire parfois trop mais c’est aussi le lot des artistes. Contrôles du talon, roulettes, grands ponts, petits ponts, sombrero… le Brésilien dispose de la panoplie complète et s’amuse à ridiculiser ses adversaires comme lors d’un five entre amis. C’est ce qui a fait la différence : ce goût du spectacle et cette intention permanente de défier son adversaire. Et, forcément, quand on enfile le maillot du Barça ou du Brésil, l’imaginaire collectif entre en jeu.
par eurosport.fr
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