Football

Jean-Pierre Nsame sur son excellente saison: «Ce bonheur est le fruit d’un labeur » !

Nsame, c’est 30 buts en 30 matches disputés avec Young Boys cette saison. L’ex-Servettien raconte comment il en est arrivé là.

Le gamin de Douala qui allait découvrir l’Europe est toujours quelque part en lui. Jean-Pierre Nsame a quitté l’enfance et le Cameroun à six ans, en voyant sa mère en larmes qui le lassait partir pour un voyage sans retour. Un sacrifice dont il ne savait rien à l’époque, il croyait rejoindre son père, en France, pour les vacances. Ses parents s’étaient en fait accordés pour lui donner les meilleures chances de réussite. Il n’était pas déjà question de football, même si le ballon lui trottait dans la tête depuis toujours.

Aujourd’hui, à 27 ans, il est devenu un phénomène sans oublier d’où il vient. Ses statistiques affolent tous les compteurs cette saison: 30 matches disputés, 30 buts, soit 40% des 76 réussites de Young Boys jusque-là. Il a déjà égalé le record de Seydou Doumbia en Super League (30 buts avec YB, 2009-2010), il peut le battre lors des deux dernières rencontres au programme vendredi et lundi. Si YB est sacré une troisième fois de suite, comme prévu, il le devra en grande partie à l’efficacité de l’ex-Servettien.


On devrait croire que tout n’est que talent et confiance. Il raconte une autre histoire, l’obsession des détails, la minutie de la préparation, le contrôle.

Jean-Pierre, quand vous regardez le chemin parcouru cette saison, ces trente buts inscrits, que retenez-vous?

Je retiens tout! La première phase de la saison, un peu compliquée pour nous, avec des blessés, des nouveaux joueurs à intégrer. C’est ce qui nous a donné de la force pour en être là aujourd’hui. Me concernant, ces trente buts… J’ai encore un peu de mal à prendre conscience de ce que cela représente. Mais je sais que ce bonheur est le fruit d’un labeur. C’est un travail qui a commencé à Angers, qui s’est poursuivi au Servette FC et maintenant, depuis trois ans, ici à Berne.

Sur les tabelles de la Super League, vous avez déjà égalé Seydou Doumbia, vous pouvez le dépasser…

Oui, je suis déjà très heureux comme ça. C’est dur à réaliser. En réalité, avant que l’on ne m’en parle il y a quelques semaines seulement, je ne connaissais pas ce record. Je ne me fixe pas de limites, jamais, mais je ne suis pas le genre à chasser les records. Et puis je dois dire une chose: cette réussite appartient à toute l’équipe, mes coéquipiers, le staff. Perso, je reste concentré sur les deux échéances à venir, pour faire mon boulot, grâce à eux.

Il vous a fallu trois ans pour être au sommet de votre art, à YB: un chemin parfois compliqué?

Je suis parti de Servette après avoir inscrit 23 buts en Challenge League. J’ai eu la chance de jouer plusieurs matches au début, Guillaume Hoarau était blessé. Je marquais, même en tant que joker, cela se passait bien. Après… J’ai fait l’expérience des choix du coach, Adi Hütter. J’ai compris qu’il y avait une hiérarchie et que c’était comme cela. J’ai respecté ses décisions, le seul souci, c’était qu’il ne me parlait pas. C’était des moments compliqués, oui.

Comment avez-vous composé avec?

J’ai eu l’intelligence de me tourner vers une préparatrice mentale. Je travaille avec elle depuis. Il le fallait, parce que je ruminais des pensées négatives. Je me souviens des premières séances, fortes. Il fallait que cela sorte pour que je puisse digérer tout ça, ma frustration. J’ai réussi à transformer cette énergie négative en quelque chose de positif. Quand «Gerry» Seoane est arrivé en 2018, il a fallu apprendre à se connaître, à se cerner. Mais tout s’est bien passé.

Comment votre coach mentale vous aide-t-elle concrètement?

Elle m’apprend à me servir de ma force mentale aux moments propices. J’ai pu être parfois obsessionnel, à vouloir réussir dix fois de suite le geste parfait à l’entraînement, avant d’aller à la douche et à recommencer toute la série si je ratais la neuvième fois. Elle m’apprend à me contenter de trois réussites et d’en rester là. Et de garder ma fraîcheur mentale en dirigeant mes exigences vers le jour du match. «Parfois, plus c’est moins», comme elle me dit. Avec ça, il y a aussi des séances de méditations au programme.

Vous ne laissez rien au hasard, pas même votre avenir sans doute: où jouerez-vous la saison prochaine, puisque beaucoup de clubs étrangers vous veulent?

Si je le savais, je le dirais. Mais je ne pense volontairement pas à cela, mes agents s’en chargent sans m’en parler. J’ai un deal avec YB: nous discutons de cela après la dernière journée, un entretien est prévu le 4 août. Et on verra bien. Si une opportunité de jouer dans un grand championnat existe concrètement et qu’elle est intéressante pour YB comme pour moi, alors pourquoi pas. Mais il faut que tout soit réuni, pour les deux parties. Je ne partirai pas simplement pour partir. Et sinon, je suis très bien ici, à Young Boys. (ndlr: en cas de départ d’YB, Servette, son ex-club, devrait toucher 10% de la somme du transfert).

Source: 24heures.ch

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