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Michael Jordan, basketteur unique dans l’histoire de la NBA

Michael Jordan. 50. ll y a encore peu, associer Michael Jordan et le nombre 50 incitait à la nostalgie. Cela ramenait invariablement à l’un des nombreux cartons réalisés par l’arrière des Bulls durant son exceptionnelle carrière. Dimanche, quelque chose va changer. Mais la nostalgie sera toujours là. Plus que jamais. En ce 17 février 2013, MJ va franchir une nouvelle barrière. Mais cette fois, pas question de s’émerveiller, d’écarquiller les yeux ou de lever les sourcils. Non. Michael Jordan va avoir 50 ans. Il peut bien tourner les paumes de ses mains vers le ciel, comme lors du carnage réalisé face aux Blazers lors du match I des NBA Finals 1992. Il n’y est pour rien. Et c’est peut-être bien la première fois de sa vie.

Bulls – Blazers, c’était il y a plus de vingt ans. Et nous étions subjugués par cet extraterrestre qui portait la NBA, puissance US en voie de globalisation. Cinq cents ans après la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, la ligue professionnelle parcourait le chemin inverse à la conquête du vieux monde. Bientôt grâce à la Dream Team. Mais avant tout grâce à Michael Jordan, sorte de Noureev des parquets que l’on aurait couplé au pire tueur à gages. Un tueur au sourire carnassier, alliance parfaite d’esthétisme et de froid réalisme.

Comme une bonne partie de la rédaction d’Eurosport.fr, je suis "né" au basketball au début des années 90. Avec les Lakers à Bercy, l’annonce de la séropositivité de Magic Johnson, la Dream Team. Et évidemment Michael Jordan. Quand vous avez 13 ans en 1991, impossible de passer à côté du sportif le plus accompli de sa génération. Et peut-être de l’histoire. Michael Jordan, c’est une batterie de titres NBA, de récompenses individuelles ou de records dont la liste est plus longue que les segments de Manute Bol, le regretté pivot soudanais. Mais Jordan, c’est aussi autre chose. Et surtout bien plus que ça. De son arrivée dans la Ligue en 1984 à son départ (définitif) en 2003, l’arrière des Bulls, puis des Wizards, a personnalisé une ligue dont la croissance a été vertigineuse. Le tout grâce au talent d’un commissionnaire, David Stern, et son meilleur produit d’appel, His Airness en personne.


Si Jerry West est devenu le "Logo" de la NBA, Michael Jordan a été la NBA. Il l’a incarnée par son exceptionnelle carrière et son talent unique. Mais aussi son charisme. Car au-delà d’être un athlète proche de la perfection – certains spécialistes le jugeaient capable de sauter 8,50 mètres à la longueur -, Jordan, c’est une gueule, une langue, une gestuelle que les sponsors, Nike en tête, se sont arrachés à un moment où le monde changeait. Où la division de la planète en deux blocs volait en éclats, au profit de l’hyperpuissance américaine. Acteur né, MJ a largement dépassé les frontières de son sport. Tout en le respectant et sans jamais oublier l’essentiel : gagner pour exister.

Il n’a pas suffi à Jordan de tirer la langue pour devenir le plus grand. Il n’aurait été qu’un bon basketteur parmi tant d’autres sans l’excellence dont il a fait preuve tout au long de sa carrière. Et les titres collectifs, qui ont fini par garnir son palmarès. Comme d’autres avant et après lui, MJ a mis le temps, sept ans exactement. Mais quand il a enfin terrassé les Pistons et ouvert la porte des NBA Finals, plus personne n’a pu se mettre en travers de son chemin. Magic Johnson et les Lakers ? Pliés. Clyde Drexler et les Blazers ? Eparpillés façon puzzle. Charles Barkley et les Suns ? Assommés.  Shawn Kemp et les Sonics ? Fessés. Malone-Stockon et les Jazz ? Cassés en deux. Deux fois. Par charité, on ne parlera pas des Knicks et de Patrick Ewing, qui n’a jamais pu voir les NBA Finals pendant le règne de MJ. Finalement, seul Hakeem Olajuwon et les Rockets, qui ont profité de la retraite temporaire du plus grand basketteur de l’histoire, sont passés entre les gouttes de l’implacable monsieur Jordan.

Michael Jordan a aussi sa face sombre. Comme tout champion. Son addiction au jeu, qui aurait pu lui coûter cher s’il n’avait pas été MJ, son comportement autocratique avec les Bulls, les passe-droits dont il bénéficiait avec Phil Jackson, et son exceptionnelle intransigeance envers ses coéquipiers, dont il a longtemps été persuadé – Grant et Pippen dans le lot – qu’ils ne lui permettraient jamais de décrocher la moindre bague, ont construit le personnage tel qu’il est. Craint par ses adversaires autant ou presque que par ses coéquipiers, le numéro 23 des Bulls s’est construit dans le défi permanent. Pour MJ, il n’y a jamais eu de jeu. Que de la compétition. A l’entraînement, en match, après, avant, pendant, sur un green, à l’occasion d’une énième partie de cartes : Jordan a toujours cherché à défier les autres et, à travers eux, lui-même. Dans l’idée, toujours et encore, de repousser ses limites. 

Dix ans après sa retraite et un crochet de trop par Washington, la figure de Michael Jordan reste unique en NBA. MJ est le plus grand. Mais personne ne revendique la filiation. Mis à part Kobe Bryant, qui depuis le début de sa carrière n’est obsédé que par le maître, personne n’est assez fou pour oser se mettre sous la même toise que Jordan. LeBron James, alors qu’il traverse la série statistique la plus folle de sa carrière, n’a-t-il pas rappelé cette semaine sur Twitter qu’il était "LJ et non MJ" ? A raison. James construit sa propre histoire. Longtemps, il a partagé avec Jordan cette excellence individuelle alliée à une incapacité à gagner. LBJ a fini par gagner. Comme Jordan. La comparaison s’arrête là. Parce que Jordan a ouvert la voie à James. Et sans le numéro 23 des Bulls, rien n’aurait été possible. Le succès de LBJ et celui de la NBA, c’est un peu, toujours et encore, celui de Michael Jordan.

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