Président du jeune club Mfomakap Fc, par ailleurs homme d’affaires, c’est avec beaucoup d’attention que M. Benjamin Lekoua suit l’évolution de la CAN 2015. Nous lui avons rendu visite afin qu’il puisse nous livrer son analyse sur le sujet, et surtout sur la polémique autour du jeune Clinton Njié…
L’actualité s’y prête et certainement vous avez votre mot à dire; nous sommes en pleine Coupe d’Afrique des Nations et ça se passe juste à côté. Monsieur Lekoua, votre premier regard…
Tout d’abord, je félicite le Président Obiang d’avoir pris l’initiative d’organiser une « Coupe d’Afrique des Nations » en deux mois ; cela démontre à suffisance que l’Afrique Subsaharienne est devenue émergente. Un coup d’œil rapide jeté sur les stades en Guinée-équatoriale nous bluffe immédiatement : les pelouses sont très belles et les tribunes aussi. On a l’impression de jouer au Brésil ou en Allemagne. Je tiens également à féliciter la forte participation du peuple équato-guinéen qui à tous les matchs répond présent. Pour parler du jeu à présent, je dirais que les équipes se valent ; il n’y a pas d’équipes qui sortent du lot véritablement et ça se joue au finish, puisque jusqu’ici les rencontres qui ont été remportées, cela s’est fait à la fin. Il y a eu plus de matchs nuls, et jusqu’ici cette CAN nous révèle du bon football, sauf que l’animation offensive n’est pas celle à quoi nous nous attendions. On ressent franchement l’absence d’un Samuel Eto’o Fils, Didier Drogba, je ne dirai pas également d’un Roger Milla, d’un Pélé, ou Jules Bokandé. C’est vrai qu’il y a eu des prouesses du petit Obameyang, mais dont l’équipe a finalement été éliminée.
Nous allons vous permettre de jeter également un regard critique sur l’évolution de notre équipe fanion à cette CAN…
Je vous dis tout de suite que le Cameroun n’y est pas parti comme favori, attention ! C’est la Côte d’Ivoire qui était en tête de lice… Bref, pour me limiter aux deux premiers matchs, je dirais que nous avons été nettement inférieurs face à nos adversaires. Au match contre le Mali, nous nous en sommes sortis rien qu’avec 47% de possession de balles, ce que beaucoup estiment illogique. Vous vous souvenez, en 1998, l’entraineur Claude Leroy était venu reformer le collectif pour le Mondial de cette année. On se souvient que ce monsieur avait recruté un jeune local évoluant en D1 à l’Olympic de Mvolyé, Djanka Beyaka, qui d’ailleurs avait fait une prestation incroyable à la Coupe. Contre le Chili nous avons marqué deux buts dont un d’Omam Biyik et de Patrick Mboma, mais qui ont été refusés. Bref c’était une très bonne équipe. On a encore fait confiance aux jeunes après avoir rebondi en deux ans et on est rentré avec deux éditions successives de CAN (2000 et 2002), nous avons gagné la médaille Olympique et nous avons été finalistes en Coupe de Confédération. Le groupe se connaissait et était solide. Sauf qu’aujourd’hui on nous ramène les mêmes qui ont hypothéqué la récente Coupe du monde, et qui jouent avec beaucoup d’égoïsme, il n’y a pas de solidarité ni d’harmonie sur l’air de jeu et c’est flagrant ! C’est avec beaucoup d’envie que nous avons vu évoluer l’équipe du Congo avec des une-deux, or nos attaquants se sont imposés « porteurs de balle » inutilement. L’Allemagne qui a gagné la Coupe du Monde jouait en une touche de balle. Il faut recruter les talents du championnat camerounais car il y en à revendre. En 1984 notre équipe était constituée de locaux à plus de 50%, en 1986 on avait Omam Biyik, Kundé Emmanuel, S. Isaac, Ebwelle ou encore Ntamack étaient de jeunes qui étaient pour la plupart en classe de Terminale au lycée Leclerc. Aujourd’hui vous voulez rebâtir une équipe sans ces jeunes locaux qui veulent prouver ce qu’ils valent ?
Quid du cas Njié Clinton ?
En rebâtissant leur collectif, on a vu le Nigéria gagner la Coupe des Nations et avec des jeunes amateurs et non des professionnels qui déjà ne jouent pas ensemble. On n’a pas des automatismes, car on a vu la même équipe peiner face à une équipe de D1 gabonaise. Pour revenir au cas Njié Clinton, des rumeurs venues de Malabo nous indiquent que ce jeune talent aurait été écarté par X ou Y ; si cela est avéré, c’est vraiment dommage, parce que là on prive le peuple camerounais de victoires. Njié est parmi les deux meilleurs passeurs du championnat français actuellement. Je pense que prendre des décisions hasardeuses, lors d’une telle compétition, et qui engagent l’état d’esprit de tout un peuple, c’est pas du tout logique. Vous savez, dans un bar de la place, quelqu’un s’indignait en se demandant : « Est-ce que c’est un plan, pour que les Lions ne gagnent pas et rentrent dès le premier tour pour arranger certains ? » Et vous verrez que pour le dernier match, ils l’aligneront pour après dire : « On a alors mis Njié, est-ce qu’on a alors gagné ? » Donc comme si on nous prépare à accepter qu’on ne pouvait pas se qualifier. J’espère que ce n’est pas ce scénario qui arrivera. Des gens font des erreurs, mais j’estime que s’ils se sont excusés, ils ont le droit de revenir. Je prends le cas Alexandre Song ; il a eu une conduite déplorable, mais aux yeux du monde il s’est excusé. Pourquoi ne l’a-t-on pas repêché, alors qu’il est actuellement le meilleur milieu de terrain du championnat anglais, capitaine de son équipe et titulaire, or on n’a même pas un milieu à la place. Vous me direz Enoh Eyong, mais s’il est blessé, on fait comment ? Voyez maintenant, on prendra des défenseurs pour mettre milieux de terrain et ça ne produira rien. Nous sommes donc réduis au ridicule car les télévisions étrangères disent des Lions qu’ils ne font même plus peur et n’arrivent plus à aligner trois passent. Quelle image !
Nous restons objectifs ?
Oui, nous le restons, en espérant que le coach ne nous crée une troisième équipe pour la suite de la compétition. C’est un grand monsieur qui connait le football, mais parfois comme a dit quelqu’un : « Trop de concentration tu la concentration ». On aimerait voir le retour de Njié Clinton, de Kwekeu si je ne peux citer que ceux-là.
On ne saurait finir sans parler de la signature de Samuel Eto’o à SAMPDORIA…
Samuel Eto’o c’est le meilleur « 9 » de l’histoire de l’Afrique, meilleur buteur de tous les temps de la Coupe d’Afrique des Nations, qu’on le veuille ou pas, on ne saurait parler du football africain et mondial sans parler de Samuel, c’est indéniable. C’est dommage qu’il ne soit plus là… C’est bien qu’il soit parti en Italie, car en Angleterre, bien qu’il ait permis à son club de se hisser en Europa Cup, je trouve qu’il a eu comme un problème d’insertion de ce côté-là. Vous savez, le peuple anglais est très business, bookmaker et tout, contrairement à l’Italie qui est pondérée et accueillante. On aurait pu utiliser Eto’o comme ce fut le cas de Roger Milla en 1990, c’est-à-dire en tant qu’attaquant d’expérience, le jeter sur l’air de jeu les 25 dernières minutes quand la défense adverse est fatiguée. Faire jouer Eto’o 90 minutes c’est un mauvais calcul pour le coach. On devrait être reconnaissant car comme disait quelqu’un lors d’une remise des récompenses au Caire : « Il ne se passe pas une minute au monde sans qu’on ne parle du Cameroun grâce à Eto’o », parce qu’à chaque fois qu’on dit : le « Camerounais » Samuel Eto’o, et bien c’est une publicité pour nous.
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