Les équipes de football sont entre temps multiculturelles, avec des joueurs venant de divers pays. Comment est-ce qu’un entraîneur comme vous arrive à concilier tout le monde ?
Le fait que je puisse échanger avec les joueurs aussi bien en français qu’en anglais est un véritable atout. Déjà quand j’étais entraîneur à Fribourg nous avions des joueurs originaires de pays et de cultures différentes. A l’époque il y avait dès le départ des cours d’allemand pour chaque joueur. Le premier pont de l’intercompréhension humaine passe par l’utilisation d’une langue commune. En outre, je m’intéresse particulièrement aux conditions de travail et de vie dans les pays d’origine de mes joueurs. C’est intéressant pour moi de savoir comment on vit ailleurs, comment on y pense et c’est d’autant plus nécessaire que cela nous aide à comprendre certains comportements et particularités des joueurs.
Peut-on encore parler aujourd’hui d’équipe „nationale“ de football étant donné que la majorité des joueurs joue dans les championnats de divers pays du monde?
L’équipe nationale a déjà un dénominateur commun, ce sont les joueurs qui, de par leurs origines et/ou leurs habitudes, se sentent émotionnellement liés à un pays auquel ils appartiennent. C’est vrai qu’à travers la mondialisation et les mouvements migratoires de diverses natures, notre société est de plus en plus hétérogène. Ceci se répercute sur la définition du concept d’appartenance nationale et sur celle d’identité. (Peut-être en effet le concept d’équipe nationale n’aura effectivement plus de sens). Le plus important est que les joueurs qui intègrent une équipe nationale jouissent du soutien de la population lorsqu’ils prennent part aux compétitions. Surtout pour les pays du Sud comme le Cameroun dont le joueur le plus doué travaille et joue à l’étranger, il est difficile de monter une équipe solide sur le plan international avec les joueurs restés au bercail.
La mondialisation contribue-t-elle à la globalisation du football et à l’émergence d’un type de joueur interculturel uniforme?
Elle contribue certainement à l’élargissement de l’horizon si on a la possibilité
de vivre dans d’autres pays et de travailler dans une équipe interculturelle. Maintenant la gestion de ce potentiel dépend naturellement de chaque joueur et aussi des différentes associations. En général il s’agit en fait d’avoir un minimum de talent et savoir footballistique, d’avoir un sens du professionnalisme dans le travail. Et là il n’y a presque pas de différence entre les clubs dans les grands championnats. C’est ainsi qu’est né un type de joueur flexible qui peut plusieurs fois tout au long de sa carrière, changer de championnats et de pays. Naturellement je vois aussi le danger qu’il peut y avoir lorsque une élite internationale de joueurs vit quasiment dans une bulle quel que soit le pays où elle se trouve.
Les matches de football en Afrique en général et au Cameroun en particulier sont souvent caractérisés par leur côté mystique. Avez-vous déjà été confronté à ce phénomène? Qu’en pensez-vous?
Oh je connais cela très bien. Puisque je travaille depuis des années avec des joueurs africains, je connais leurs visites chez le marabout, les gris-gris et les teintures et pommades aux odeurs particulières. Si cela aide le joueur à juguler la tension causée par son travail, alors je n’ai rien contre. Par contre, si j’ai le sentiment que le « mystique » exerce une pression quelconque sur le joueur et sur l’équipe qui pourrait leur nuire, alors je suis dans l’obligation d’en parler.
Que pouvez-vous conseiller à un jeune joueur camerounais voulant évoluer en Allemagne?
Evidemment il doit avoir le maximum de temps de jeu possible dans l’une des meilleures équipes du championnat au Cameroun. Ensuite il doit commencer à apprendre la langue. Bien évidemment, il doit aussi avoir un plan B à côté du football.
source: goethe.de
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