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Guingamp, capitaine et main tendue : le destin atypique de Desire Oparanozie

Le Nigeria comptera sur l’attaquante guingampaise Desire Oparanozie pour un match décisif face à la France lundi, à Rennes. Même si elle n’a que 25 ans, la capitaine nigériane a déjà une solide expérience. Et elle met tout en oeuvre pour en faire profiter la jeunesse de son pays.
« C’est comme jouer à la maison ». Pour Desire Oparanozie, attaquante au club français de l’En Avant Guingamp, mais surtout capitaine du Nigeria, le dernier match du groupe A, à Rennes contre la France, aura un goût particulier. « C’est très excitant pour moi de jouer (une Coupe du monde) en France mais aussi de jouer contre la France. J’aurais quelques amies dans l’équipe française », explique à l’AFP la joueuse qui dispute, à 25 ans, son troisième Mondial. « On ne jouera pas seulement contre onze joueuses, mais contre toute une foule. Il y aura beaucoup d’ambiance, mais j’adore jouer dans une grosse ambiance », ajoute-t-elle.
La motivation sera d’autant plus grande que le Nigeria, après sa victoire 2-0 contre la Corée du Sud, peut encore espérer se qualifier pour les 8es de finale. Bien que le Nigeria écrase le football féminin africain avec 11 titres à la CAN sur 13 éditions, et qu’il ait participé à toutes les Coupes du monde, il n’a franchi qu’une seule fois la phase de groupes. C’était en 1999 aux États-Unis, il s’était incliné en quart de finale –il n’y avait pas de huitièmes à l’époque– contre le Brésil (4-3, après prolongation). « Par le passé, nous n’avons pas été très performantes mais nous avons travaillé dur pour faire en sorte de franchir ce premier tour », explique Oparanozie.

L’apport de Dennerby
Les Super Falcons se sont données les moyens de leurs ambitions en faisant venir en janvier 2018 l’entraîneur suédois Thomas Dennerby, médaillé de bronze au Mondial 2011 en Allemagne avec la sélection féminine nationale. « Il apporte énormément de choses positives à l’équipe. Il a une connaissance très large du football féminin (…) et on a vu quelques changements depuis son arrivée », confirme l’attaquante, mettant en avant une meilleure préparation avant la compétition. « Nous n’en avions pas vraiment par le passé, mais cette fois on a disputé quelques matches amicaux de qualité. Nous sommes allées en Chine, à la Cyprus Cup à Chypre, en Espagne pour affronter le Canada… », énumère-t-elle.
L’une des premières décisions de Dennerby a aussi été de faire d’Oparanozie sa capitaine. « Un honneur et un privilège » pour la joueuse, mais qui « génère aussi beaucoup d’attentes de la part des coéquipières, des entraîneurs, de la fédération et même du pays tout entier ». Ce choix s’explique par son parcours et par l’exemple qu’elle s’efforce de donner sur et en dehors du terrain.

Une fondation à son nom
Avant de débarquer en Bretagne en 2014, Oparanozie avait quitté son pays à 17 ans et bourlingué en Turquie, en Russie, en Allemagne…. « C’était très dur au début. La maison me manquait, j’avais froid, la nourriture n’était pas la même, la culture, les gens… », se souvient-elle. « Mais je n’avais pas d’autre choix si je voulais faire carrière. J’ai dépassé cela et maintenant tout va bien », complète-t-elle dans un sourire.
Pour cela, il a aussi fallu passer outre les réticences familiales paradoxalement, surtout du côté maternel. « Dans une famille africaine normale, on pense qu’une fille ne devrait pas jouer au football, que c’est un sport de garçon (…) mais heureusement j’avais le soutien de mon père. Quand j’ai été sélectionnée en équipe nationale des moins de 18 ans, ma mère a fini par m’encourager », raconte la joueuse, qui veut maintenant tendre la main à la jeunesse de son pays.
Elle a récemment créé une fondation à son nom « pour aider les jeunes de 12 à 18 ans, que ce soit dans le sport ou s’ils veulent devenir médecin, à devenir ce qu’ils ont envie de devenir. C’est ma façon de rendre ce qu’on m’a donné », explique-t-elle. En juillet, elle tiendra un séminaire pour plusieurs centaines de jeunes dans sa ville natale d’Owerri, au sud du Nigeria.


Par AFP

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