A La UneBasketballEtrangerNBA

Kawhi Leonard nommé joueur par excellence de la finale de la NBA

L’équipementier New Balance, commanditaire personnel de Kawhi Leonard, a renommé l’ailier étoile des Raptors « roi du Nord » dans une campagne publicitaire lancée au début du duel contre les Warriors. Un coup de marketing, certes, mais Leonard a été à la hauteur de ce titre royal. Il a été nommé à l’unanimité joueur par excellence de la finale, jeudi soir, pour la deuxième fois de sa carrière.

« Ça veut dire beaucoup pour moi d’être nommé joueur par excellence, a dit Kawhi Leonard. L’été dernier a été difficile. Je continuais la rééducation et je me disais que je serais de retour, que je ne serais pas de retour tant que je ne pourrais pas être le joueur que je suis aujourd’hui. »

Ce n’est pas la première fois que Kawhi Leonard met fin au rêve d’une équipe de la NBA de devenir une dynastie.


Il y a cinq ans, les Spurs avaient démantelé en cinq matchs le Heat qui tentait, comme les Warriors, de remporter un troisième titre d’affilée. Leonard avait aussi été élu joueur le plus utile de la finale après avoir réduit au silence LeBron James, qui avait ensuite renoué avec les Cavaliers et quatre autres fois avec la finale.

Cette fois, Leonard n’a pas eu à tailler en pièces un joueur adverse en particulier pour se mériter les honneurs. Kevin Durant, qui n’aura joué que 12 minutes dans cette série, aurait été son assignation principale.

Mais en l’absence prolongée de l’ailier de Golden State, bien appuyé par une collection tout étoile de tâcherons défensifs comme Marc Gasol, Danny Green, Kyle Lowry, Pascal Siakam et Fred VanVleet, Leonard a été le maillon le plus fort d’un système généralement étanche, sauf lors des six minutes qui ont ébranlé Toronto lors du deuxième match de la finale.

« Du premier match de la présaison jusqu’à aujourd’hui, ça demeure fascinant de voir ce gars faire ce qu’il fait. La meilleure chose qu’il me soit arrivé, c’est que je me suis retrouvé je ne sais pas comment sur les lignes de côté pour regarder de près ce gars jouer », décrivait l’entraîneur Nick Nurse à l’aube du sixième match.

Depuis 2014, le jeu de Leonard s’est raffiné. Suffocant depuis son repêchage en 2011 les meilleurs ailiers de la NBA avec ses mains aussi immenses que rapides, sa puissance athlétique et son positionnement hors pair, il est aussi devenu un joueur offensivement complet, capable de prendre une variété de tirs avec une efficacité redoutable.

« Je pense qu’il a été capable de montrer son répertoire complet cette saison. Les séries éliminatoires ont permis de le voir sur une encore plus grande scène. Je pense qu’il est le meilleur joueur dans les deux sens du terrain de la NBA. J’ai vu certaines choses qu’il a faites cette année et qui m’ont faire dire : Wow », racontait Kyle Lowry.

Contre le Heat, l’ailier avait connu les meilleurs moments de sa jeune carrière lors des trois derniers matchs, dépassant nettement sa récolte de 12,8 points par match en saison avec des performances consécutives de 29, 20 et 22 points.

Autour de lui, les Spurs étourdissaient la dynastie floridienne avec le même jeu de mouvement qu’ont adopté les Warriors, puis les Raptors. À 22 ans, Leonard brillait de tous ses feux et annonçait au monde qu’il pouvait devenir une réelle force destructrice des deux côtés du ballon.

Mais Shaun Livingtston, qui a affronté quatre fois le roi James en juin dans les dernières années avant de faire face au roi du Nord, faisait une distinction importante entre les deux.

« Ils sont évidemment des spécimens physiques, forts et excellents en défense, mais LeBron est d’abord avant tout un fabricant de jeu, alors que Kawhi est plutôt un marqueur, même s’il s’améliore en création », relevait le garde des Warriors.

Sa constance offensive a pris encore quelques années avant de se stabiliser, mais depuis 2016, il s’est hissé au niveau des meilleurs de la NBA, tout en maintenant sa capacité à éliminer la quasi-totalité de ses adversaires lorsqu’il se met au travail à un contre un.

Un sort qu’a subi Giannis Antetokoumnpo, sa plus récente victime, à partir du troisième match de la finale d’association, mais c’est surtout le jeu en attaque de Leonard que la vedette des Bucks, et favori pour le titre de meilleur joueur de la saison, a souligné quelques jours après la défaite des Bucks.

« J’ai tellement appris en regardant Kawhi. De sa patience, de la manière qu’il se conduit, a dit Antetokounmpo. Il prenait continuellement le tir le plus facile, sans forcer le jeu. […] Kawhi a fait de moi un meilleur joueur. »

 

Contre les Warriors, Leonard a poursuivi des séries éliminatoires d’exception, inscrivant 28,5 points par match en finale, 9,8 rebonds, 4,2 passes décisives, 1,2 vols et 2 blocs. Deux mois et demi à jouer à un niveau exceptionnel que seuls les plus grands, les Jordan, James, Bird, Magic, Malone, Walton, Russell, Abdul-Jabbar ont jamais atteint.

Pour reprendre la ritournelle des titres personnels de Daenerys Targaryen dans la série Game of Thrones, voici ceux que portent désormais « The Klaw » : Kawhi Leonard, premier de son nom, bourreau du Heat, destructeur des Warriors, deux fois joueur défensif de l’année, deux fois meilleur joueur de la finale, roi du Nord.

Reste désormais à déterminer s’il recevra les doléances de ses sujets à partir du 1er juillet à Toronto, ou dans sa Californie natale.

 

Un pari réussi et moins risqué qu’anticipé

En faisant l’acquisition de Kawhi Leonard (et Danny Green) l’été dernier contre le visage de la franchise depuis sept ans, DeMar DeRozan, et le centre recrue Jakob Poeltl, Masai Ujiri avait dû faire face à un barrage des partisans et des médias torontois qui questionnaient sa décision de faire confiance à un joueur étoile blessé et peu communicatif, qui venait de rater 73 des 82 matchs la saison précédente et qui, selon toutes les rumeurs émanant de son camp, poursuivrait sa carrière pour l’une ou l’autre des équipes de Los Angeles une fois qu’il aurait obtenu son autonomie complète en juillet 2019.

Depuis un an, Toronto est donc en mode séduction avec Leonard. L’ailier s’est toujours dit obsédé par l’idée de gagner et dans l’entourage des Raptors, une participation à la finale avait toujours été la condition minimale pour avoir confiance qu’il déciderait de poursuivre son aventure canadienne forcée.

Toronto a eu une approche prudente et patiente avec Leonard. Ujiri savait qu’il avait en Alex McKechnie, son directeur de la science du sport, une des sommités mondiales du conditionnement physique. L’Écossais d’origine, à l’emploi des Raptors depuis 2011, a su établir la confiance avec Leonard que les Spurs avaient perdu la saison précédente.

La « gestion de l’effort (load management) » a été au coeur de la stratégie des Raptors avec Kawhi. L’ailier n’a ainsi joué que 60 matchs en saison en ne disputant jamais 2 rencontres en 24 heures.

« Dès que nous l’avons acquis, Kawhi a été clair sur le fait que sa santé était sa priorité. C’en était une pour nous aussi, assurait Ujiri au début de la série. Kawhi est calme, mais il est infatigable. Son éthique de travail est presque folle avec le régime qu’il s’impose, la manière qu’il prend soin de son corps et tout ce qu’il accomplit. »

Les pépins physiques sont finalement réapparus en éliminatoires, quand l’entraîneur Nick Nurse n’a eu d’autre choix que d’augmenter la charge de travail de Leonard à partir de la série, physiquement éprouvante, contre les 76ers de Philadelphie.

Des 34 minutes qu’il jouait en moyenne par match cette saison, Leonard est passé à 40 par rencontre, mais son genou gauche a commencé à faire des siennes.

Sans jamais être complètement en santé dans les trois dernières séries, boitant à l’occasion, titubant en retombant après un dunk, peinant à revenir en défense à d’autres, Leonard a toutefois réussi à continuer à dominer ses adversaires en compensant la perte d’une partie de son athlétisme par sa puissance physique et son intelligence.

« C’est un spécimen physique qui peut repousser ses adversaires et atteindre le panier ou l’endroit où il est à l’aise pour tirer. Et vous ne pouvez pas vraiment l’arrêter. Ça montre vraiment comment sa force physique entre en jeu », détaillait le garde des Raptors Danny Green.

En ayant joué que 75 % des matchs de l’équipe, Leonard n’a pas été retenu parmi les trois finalistes au titre de joueur par excellence de la saison et a été repoussé sur la deuxième équipe d’étoiles. Mais son jeu en éliminatoires a démontré qu’à son meilleur, libéré des contraintes des repos programmés, il est sans égal dans la NBA.

Le meilleur joueur d’une équipe championne de la NBA n’a jamais tourné le dos à la franchise qu’il venait de mener à la terre promise pour une autre formation de la ligue.

Pour la première fois de leur histoire, doit-on le rappeler, les Raptors de Toronto sont champions. Cette partie de l’équation est désormais remplie.

Leonard doit encore faire son choix, mais il a autour de lui un groupe de coéquipiers brillamment assemblés par Ujiri, un entraîneur recrue innovateur en Nurse, une organisation qui prend soin de lui comme personne auparavant, une ville qui a accepté les particularismes de son idole et une nation qui en a fait dans ses éliminatoires, une icône.

S’il est vraiment le roi du Nord, il restera à Toronto l’an prochain. Sinon, Kawhi Leonard aura été le plus férocement efficace de tous les mercenaires du sport.

 

 

Source: ici.radio

 

 

 

 

 

 

Commentaires Facebook

0 commentaires

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Bouton retour en haut de la page