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Clubs à capitaux publics : Aussi puissants que leurs défunts prédécesseurs

Le mouvement sportif national connait une domination des clubs financés par le budget des institutions publiques. A l’instar de : Forces armées et police, INJS, Louves Minproff et SNH vélo club. Leur suprématie ravive le souvenir d’une époque récente où des équipes d’entreprises d’État comme Camship handball, FC Rail, Port FC de Douala faisaient fureur, avant de disparaitre pour l’essentiel sous le coup de nombreux facteurs, dont la crise économique.
Chaque année, les Forces armées et police (FAP) sont presque certaines de soulever au moins un trophée dans une discipline. L’équipe du ministère de la Défense atomise ses adversaires et s’adjuge les tickets qualificatifs aux compétitions africaines interclubs. En dames et en messieurs, FAP fait par exemple partie des trois représentants camerounais au 40e championnat d’Afrique de handball qui se dispute en Côte d’Ivoire. Avant de quitter le pays, les bidasses de FAP ont d’abord pris le soin de conserver leur titre de champion du Cameroun en battant Minuh, la solide formation du ministère de l’Habitat et du Développement urbain.
Comme en hanndball, le football féminin vit l’hégémonie des clubs à capitaux publics. Quand ce n’est Louves Minproff, l’équipe du ministère de la Promotion de la femme et de la Famille qui soulève un trophée, ce sont les Amazones de FAP. Idem en athlétisme. L’Institut national de la jeunesse et des sports (INJS) est une foudre de guerre. Dans une certaine mesure en volleyball aussi, où cette école vient d’ailluers de conserver le trophée de vainqueur de la coupe du Cameroun en venant à bout de Bafia Volleyball évolution. Le club du Mbam qui essaye bien que mal d »opposer une résistance à ces équipes fortunées, s’est aussi incliné en messieurs, devant l’ôgre FAP. Au même moment que l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM) s’imposait sur Bépanda volleyball.
En cyclisme, la Société nationale des hydrocarbures mène incontestablement le peloton. « S’il fallait simplement tenir compte du mérite, seuls ses coureurs auraient une place en équipe nationale. Pour l’équipe nationale, les techniciens sont bien parfois obligés de choisir la plupart des athlètes chez SNH. Pour se prêter au jeu de l’équilibre, ils piochent quelques-uns ailleurs », confie sous anonymat un ancien international.
Les raisons de cette suprématie des formations dont le budget est adossé sur celui des institutions d’État sont évidentes. Leur statut permet de bénéficier d’un meilleur confort. Elles disposent des moyens techniques et financiers pour l’encadrement et le suivi de leurs sportifs. Tandis qu’à contrario, les autres écuries ne survivent que grâce aux efforts des prometteurs privés.

Réticence des entreprises publiques

Toutefois, dans ce lot d’institutions qui subventionnent le sport de diverses manières, force est de constater la quasi absence des entreprises publiques. Ces dernères ont fait la passe aux administrations dédiées au service pubic tel que les ministères, qui à priori ne font pas des bénéfices. En dehors de quelques rares entreprises comme la Société nationale des hydrocarbures (SNH), ou la Cameroon telecommunication (Camtel) qui organise la Camtel volleyball championshiop, l’on observe désormais une certaine réticence partout ailleurs. En dépit des mesures incitatives consignées depuis 2013 dans la loi de finances portant Code général des impôts. L’article 7, alinéa 5 consacre un abattement fiscal en faveur des entreprises qui sponsoriseraient des activités sportives de 0,5% à 5% du chiffre d’affaire de l’exercice. Une loi sensée favoriser une plus grande implication des entreprises dans le mécénat sportif. Surtout quand on sait que les articles 105 et suivants, offrent un rabattement fiscal de 50% aux sociétés qui investiraient dans les infrastructures sportives.
Des d’hommes d’affaires aussi bien dans le public que le privé pointent en effet du doigt la conjoncture économique et redoutent les lourdeurs administratives. « Il est difficile de tirer son épingle du jeu, avec les multinationales qui envahissent le marché. Les bénéfices s’amoindrissent chaque jour. Je ne suis pas certain de fructifier mon chiffre d’affaires en cherchant une quelconque visibilité à travers le sport. En dehors des rencontres internationales, le sport local n’attire pas grand monde. Pouvez-vous me dire pour quelles raisons MTN Cameroun se retire du football camerounais ? Et quand bien même, je voudrais saisir la perche tendue par ces articles la loi portant code général des impôts, rien ne me garantit que les abattements fiscaux promis seront effectifs sur le champ, quand on connait les lourdeurs administratives », récrimine un patron d’entreprise, sous le couvert de l’anonymat.


Camship, Rail FC…

L’histoire du mécénat des clubs au Cameroun comporte des pages sombres. Une dizaine, voire une vingtaine d’années auparavant, presque toutes les compétitions alignaient des équipes aux couleurs des entreprises. L’esprit de sponsoring s’est envolé et beaucoup de clubs ont disparu au fil du temps. Les érudits du sport camerounais se souviennent sans doutes des noms tels que : Prévoyance FC, équipe de la CNPS, Impôts FC, vainqueur de la Coupe du Cameroun 2005, Port FC de Douala Rail Handball et FC Rail, toutes détenues par la société ferroviaire du Cameroun.
En handball, entre 1988 et 1990, deux clubs camerounais : Camship et CNPS se sont croisés en finale de la Coupe d’Afrique féminine des vainqueurs de coupe. Au cours de ces duels fratricides, l’avantage avait toujours tourné en faveur de Camship, l’équipe de l’ex Compagnie publique nationale de transport maritime. Campship qui avait en effet réalisé un triplé consécutif en battant aussi Cara de Brazzaville en 1989. En cyclisme, les adeptes de la petite reine se rappellent de Ecam placage vélo club de Mbalmayo, disparu avec le départ du Dg Carlo Oriani et les arrestations du directeur financier M. Kakambi et d’autres cadres.

De façon générale, la faillite de nombreuses entreprises n’a pas épargné leurs équipes sportives. « Quand une société ferme les portes ou alors son budget jadis colossal diminue, il est clair que ses formations sportives ne peuvent pas survivre. De même que le changement de dirigeants peut aussi expliquer la mort des équipes. Lorsqu’un dirigeant nouvellement nommé arrive et se rend compte qu’on finance une discipline qu’il n’aime pas, il est amené à ordonner qu’on arrête tout, ça s’est vu dans notre pays », se souvient Dieudonné Ntep, entraineur national de cyclisme.

Dans la même veine, Jean Robert Fouda, journaliste de sport à l’hebdomadaire Repères, reconnait que le refus de certains employés de soutenir ces clubs a généralement précipité la sortie des aires de jeu. « Face à la diminution des budgets, il était question que la mutuelle du personnel prenne le relais du financement des équipes. Mais Il y en avait qui supportaient mal les coupes sur leurs salaires en guise de soutien aux équipes de foot, hand ou volley… Quoi qu’on leur promette un retour sur investissement avec par exemple la vente des joueurs. Du coup, des équipes ont simplement été dissoutes », témoigne-t-il.

Un témoignage qui amène Dieudonné Ntep à postuler que : « l’Etat doit s’entendre avec par exemple le Gicam pour exonérer certains produits et mettre la somme exonérée dans le sponsoring du sport. Cela permettrait de pérenniser les clubs et inciter les entreprises à investir sur les équipes ». Tout est politique d’après lui. Pour en convaincre, il achève par une anecdote : « La venue de la SNH au cyclisme est ordonnée par le Chef de l’Etat qui a donné des instructions à l’Administrateur directeur général de ladite Société d’animer le cyclisme. Toutefois, n’ayant pas besoin de la publicité, l’animation du cyclisme par ce club élève et honore le nom de la structure à travers ses résultats ».

 

 

 

Par : Christian Djimadeu

 

 

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