POINT DE PRESSE DU GENERAL D’ARMEE EN 2ème SECTION PIERRE SEMENGUE LE 6 MAI 2013
J’ai été nommé le 25 juillet 2011 au poste de Président de la Ligue avec pour mission de mettre en place la Ligue de Football Professionnel du Cameroun. N’ayant reçu aucune instruction particulière à cet effet, j’ai dressé une feuille de route à réaliser sur la durée de mon mandat. Cette feuille de route comporte six (6) grands chantiers notamment :
– La mise sur pied de la structure Ligue ;
– L’organisation des compétitions ;
– La recherche des sources de financement pérennes ;
– La mise sur pied d’un service de médecine sportive ;
– L’amélioration et la construction des infrastructures de proximité ;
– Et enfin, l’évolution du statut juridique des clubs d’associations en sociétés commerciales ;
Rendu à ce jour, soit trois mois avant le terme de mon mandat, beaucoup a été accompli.
La structure Ligue existe bel et bien, l’organisation des compétitions du reste retransmise par la CRTV, est depuis l’an dernier une réalité, l’Etat a sur insistance de la Ligue, pris des dispositions fiscales incitatives pour la pérennisation du financement du football professionnel. En ce qui concerne la médecine sportive, des concertations se poursuivent entre le Ministère de la Santé Publique, la Ligue et la CNPS dont l’hôpital pourrait être désigné comme centre de référence. Au niveau infrastructurel, la Ligue a signé avec MTN un contrat devant à terme c’est-à-dire cette année amorcer la construction d’au moins deux stades d’une capacité de 3 000 spectateurs et a sollicité du Ministère en charge des municipalités, une rencontre plus élargie visant à inciter les communes à s’investir dans le développement du football à travers la viabilisation des aires de jeux existantes voire la construction de nouveaux stades.
L’on le voit bien, sur six chantiers, cinq ont été engagés et sont en passe d’être pleinement réalisés. Reste cependant, ce que je pensais être le plus simple, l’évolution du statut juridique des clubs d’associations en sociétés.
A ce sujet, à la suite de la Déclaration révisée de Douala de 2011, rappelant les engagements pris par l’Etat du Cameroun auprès de la FIFA, les instances délibératives de la Ligue que sont l’Assemblée Générale et le Conseil d’Administration, ont décidé que la mutation en question devra être effective pour la saison 2012 – 2013.
Advenue cette échéance, les clubs pourtant d’accord avec cette mesure ont subitement décidé de ne plus se conformer à leur propre volonté. Ce qui a conduit la FECAFOOT, dans un climat de tension à convoquer en date du 29 Janvier 2013 une réunion tripartite Ligue – FECAFOOT – ACEC au sortir de laquelle il a été convenu que les clubs, à la date du 2 avril 2013 devraient opérer la mutation en société et devraient déposer auprès de la Ligue les documents y relatifs. Ils devaient désormais le faire non plus parce qu’il s’agissait du respect de leur parole donnée, mais davantage parce qu’une loi de la République prescrivait obligatoirement ladite mutation pour les clubs professionnels.
Pour vaincre la résistance de certains présidents de clubs, à l’origine de cette crise, j’ai saisi le 5 mars 2013 le Premier Président de la Cour Suprême aux fins d’interprétation des articles 5 et 30 de la loi n°2011/018 du 15 juillet 2011 relative à l’organisation et à la promotion des activités physiques et sportives, entrée en vigueur et d’application immédiate.
Par correspondance datée du 25 mars 2013, dûment notifiée par la Ligue à l’ACEC, à la FECAFOOT et au Ministre des sports, le Premier Président de la Cour Suprême a confirmé la position de la Ligue en ce que ces dispositions faisaient obligation aux clubs professionnels de constituer des sociétés commerciales. Lesquels avaient le choix entre trois formes de sociétés notamment, les Sociétés d’Economie Mixte, les Sociétés à Responsabilité Limitée et les Sociétés Anonymes.
Au surplus, le Premier Président de la Cour Suprême répondant à la question de la sanction du non respect de ces dispositions affirme et je le cite :
« Sur le non respect des dispositions concernées, pour répondre à cette question il y a lieu de se référer à l’article 31 de ladite loi qui dispose : " le fonctionnement des clubs sportifs amateurs et professionnels est soumis à l’agrément préalable du Ministre des Sports ". Il en résulte que l’inobservation des textes régissant la formation desdits clubs expose les promoteurs au refus d’agrément ».
C’est donc dire que la charge de l’application des dispositions de ladite loi repose sur le Ministre des Sports et de l’Education Physique.
Fort de cette interprétation hautement avisée, le Président de la Ligue a sollicité par trois correspondances distinctes que le Ministre des Sports prenne officiellement position en faveur du respect des lois de la République en obligeant les clubs à se constituer en sociétés commerciales comme ils ont d’ailleurs promis de le faire.
L’une des modalités pour y parvenir était de conditionner le déblocage des subventions à la constitution des sociétés par lesdits clubs. Contre toute attente, un communiqué conjoint signé par le Ministre des Sports, le Président de l’ACEC et le Secrétaire Général de la Ligue qui n’avait aucun mandat pour ce faire et qui vient d’ailleurs d’être suspendu de ses fonctions pour faute grave, a prescrit le déblocage « sans condition » de la première partie de la subvention aux clubs.
Une telle attitude appelle un certain nombre d’interrogations.
– Pourquoi a-t-on appelé le Secrétaire Général et non le Président de la Ligue pour prendre part à ces assises ?
– Pourquoi les services du Ministre des sports appelés ce jour par le Président de la Ligue au fait de la tenue de cette réunion, lui ont laissé entendre qu’il n’était pas attendu par le Ministre ?
– Sur quelle base le Secrétaire Général a signé ces documents sans se référer à sa hiérarchie ?
– Quelles garanties a-t-il eu pour se permettre d’outrepasser ainsi l’autorité du Président en signant un document contrariant sa position officielle ?
Au demeurant, il convient de souligner que le fameux communiqué conjoint du 2 mai 2013, ne vient pas régler la question en débat. Celle de la mutation des clubs en sociétés commerciales.
Il se borne à déterminer les modalités de versement de la subvention aux clubs dont on savait qu’elle arriverait en son temps.
L’Etat étant toujours fidèle à ses engagements. Cela m’amène à me poser la question de savoir si l’on veut réellement d’un football professionnel au Cameroun.
L’on décide du versement d’une subvention en vue de la continuation d’un championnat professionnel avec des clubs amateurs sans que l’on ne se prononce sur le problème de fond qui est celui de l’évolution de leur statut juridique, préalable incontournable pour le développement du football professionnel. Cela est surprenant.
J’ai néanmoins suivi cette instruction et ai fait procéder depuis vendredi dernier au versement desdites subventions.
Cependant, en ma qualité de Président de la Ligue, doublée de celle de haut commis ayant servi l’Etat à un niveau élevé, je ne peux me rendre complice de la violation manifeste de la loi dument interprétée par le Premier Président de la Cour Suprême.
Aussi, je décide à mon tour de conditionner la reprise du championnat à la mutation en sociétés desdits clubs ou à tout le moins à la réaction officielle du Gouvernement en faveur de ladite mutation, pour laquelle je plaide qu’aucun autre moratoire ne soit accordé aux clubs dont la mauvaise foi de la majorité d’entre eux est manifeste depuis le 2 avril 2013.
Je mesure la gravité d’une telle décision qui m’expose du reste à des sanctions de la tutelle pouvant aller jusqu’à la révocation. C’est un risque à prendre et j’en assumerai les conséquences le cas échéant.
L’intérêt à préserver est plus important que ma modeste personne. Le contrôle de la FIFA doit intervenir en 2014 et je ne peux accepter que le Cameroun soit privé de la licence internationale parce que certaines personnes pensent pouvoir torpiller les engagements internationaux et les lois de la République.
J’ai reçu la mission de mettre en place le football professionnel au Cameroun, la mutation fait partie de ce processus de professionnalisation, la loi de 2011 ci-dessus citée l’impose, alors j’irai jusqu’au bout de ma mission quoiqu’il advienne pour faire respecter les engagements internationaux pris par le Cameroun et la loi de la République. Pendant la guerre, sur le champ de bataille, si l’on doit mourir c’est les armes à la main. Si je dois donc être révoqué ce sera l’âme en paix avec le sentiment du devoir accompli.
A vous présidents de clubs qui vous laissez endoctriner par une poignée d’entre vous, j’aime à vous dire que pour le moment les subventions de l’Etat vous donnent l’illusion du bien être. Mais ces subventions s‘arrêtent l’an prochain et si jamais rien n’est fait, vous recommencerez à puiser dans vos poches pour faire fonctionner les clubs. La mutation vous est bénéfique parce qu’elle vous apporte à la fois un souffle nouveau pour le fonctionnement de vos clubs, mais en plus et c’est le plus important, elle accroît considérablement les actifs de vos clubs et les érige aux standards internationaux. Et, sachez que
l’intention de la mutation n’est pas, contrairement à ce qu’on vous fait croire, de vous débarquer à la tête de vos clubs. Bien au contraire, vous resterez les maîtres à bord mais vous vous adjoindrez des partenaires qui, au moyen d’actions ou de parts sociales viendront accroître le budget des clubs que vous gérez.
Je sais par ailleurs que plusieurs d’entre vous avez déjà constitué des sociétés et que les dirigeants actuels ont été maintenus dans ces sociétés comme présidents. Donc vous savez pertinemment que tous ces clichés que l’on vous présente sont faux.
OEuvrez donc pour ce qui dure et non pour certains présidents de clubs qui se sentant à l’étroit avec l’avènement des sociétés, vous embarquent dans une fronde visant à les maintenir eux, pour leur plus grand intérêt, dans leurs directoires respectifs.
Plus important, j’ai saisi le Ministre des Sports ce matin d’une correspondance où je portais à sa connaissance non seulement ma décision de reporter la reprise du championnat aux conditions ci – dessus énumérées, mais surtout le démarrage dans les prochains jours des consultations en vue de l’organisation des élections du futur Président de la Ligue.
Comme vous le savez j’ai été nommé le 25 juillet 2011 pour un mandat de deux ans non renouvelable et qui s’achève logiquement le 25 juillet 2013.
Je voudrais conclure mon propos en m’adressant aux joueurs, je l’ai déjà dit à une occasion similaire, toutes les décisions que je prends peuvent paraître rigides mais, à la réalité, elles sont dans votre plus grand intérêt. Avant que l’on ne vous amène à vous poser la question de savoir pourquoi SEMENGUE ne laisse pas tomber cette histoire de mutation, interrogez vous plutôt sur celle de savoir pourquoi les présidents de clubs ne veulent pas créer des sociétés commerciales ?
Il s’agit d’une question pertinente dans la mesure où avec le Centre de Formalité de Création des Entreprises (CFCE), il est possible en 72 heures, soit 3 jours, de créer une société. C’est dire qu’il y a anguille sous roche. Et croyez moi, votre intérêt n’est pas à la base d’une telle résistance.
Je formule le rêve que vous puissiez vous aussi rouler dans des voitures décapotables comme les joueurs du Paris Saint Germain, que vous puissiez construire votre maison avec le fruit de votre labeur, que vous puissiez prendre vos vacances avec vos familles à la Côte d’Azur comme les stars européennes.
Mais, la réalisation de ce rêve passe par la création des sociétés commerciales, car seules ces sociétés peuvent générer des moyens financiers suffisants pouvant permettre de vous rémunérer décemment.
Soyez en surs, le combat que je mène est d’abord le vôtre. Et je ne m’arrêterai pas en chemin pour la défense de vos intérêts, sauf interruption de mon mandat pour toute autre raison.
Je vous remercie de votre aimable attention.
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