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Ligue 1 camerounaise : Comprendre la « mort » des meilleurs buteurs

Une fois sacrés souliers d’or du championnat local, des agents de joueurs et clubs étrangers se ruent aux pieds des jeunes footballeurs de l’élite locale pleins de promesses mirobolantes. Pour beaucoup, la belle aventure professionnelle qui se dessine vire à la désillusion. Ces dix dernières saisons par exemple, la ligue 1 nationale a ainsi perdu le gros de ses meilleurs artificiers, tous tombés dans l’anonymat.

Des noms connus, exaltés, mais aussitôt oubliés. Joël Moïse Babanda fait partie de ces renards de surface partis au lendemain d’une magnifique saison (2011-2012). A 14 reprises, l’international camerounais a fait trembler les filets adverses, hissant l’Union sportive de Douala sur le trône de Champion du Cameroun. La saison d’après s’annonçait plus phénoménale pour lui, mais que nenni ! Comme tous les meilleurs buteurs du championnat de ces dernières années, le joueur formé au Racing de Bafoussam est allé chercher fortune ailleurs.

Et c’est au Maroc qu’il dépose ses valises. « Après une bonne saison, on a toujours des sollicitations. Des sollicitations venant de plus en plus des autres clubs africains, mais aussi de l’Europe, de l’Amérique du Sud et d’ailleurs », confiait-il en juillet 2017 à l’hebdomadaire Baromètre Communautaire.


Seulement, les deux ans qu’il passe à l’Olympique Khouribga au Maroc ne comblent pas ses attentes. Lui qui n’était pourtant pas à sa première expérience dans des championnats semi-professionnels. En six matches, ce joueur qui était doté d’une bonne technique, d’une certaine puissance face aux défenses adverses, et réputé pour son adresse devant les buts, a eu de la peine à trouver le chemin des filets. Après quoi, il amorce un passage à vide qui le ramène dans son ancien club l’Union sportive de Douala au Cameroun et vers d’autres clubs locaux. Sans plus pour autant retrouver son niveau. « Je ne regrette pas, même si cela ne peut être perçu comme un bond en avant. Le Maroc a été une expérience où j’ai beaucoup appris », nuance-t-il.

Son parcours n’est pas singulier. Car cela fait plusieurs saisons déjà que le titre de meilleur buteur constitue un passeport pour les joueurs du championnat local. Emmanuel Mbongo Ewanguè, le successeur de Joel Babanda, qui a brillament évolué dans le Coton sport de Garoua durant la saison 2012-2013 avec 13 buts à son compteur, n’ avait pas résisté à l’envie de partir. Il immigre en Angola pour le compte du Recréativo do Libolo. Puis en 2015 au Desportivo de Huila. Mais l’aventure ne dure finalement pas longtemps. Il revient au Cameroun en 2016 et réintègre son club de départ. Depuis cette courte escapade angolaise , Mbongo Ewanguè n’a plus retrouvé sa forme d’atan. Idem que ses suivants Grégoire Nkama et Rostand Kako, co-meilleurs buteurs du championnat la saison 2013-2014. Le premier a tenté une aventure sans coup d’éclat au sein du club marocain Chabab Atlas Khenifra où il a évolué pendant deux saisons. Le deuxième a eu une mauvaise expérience à l’USM d’Alger (Algérie), où il a séjourné en 2015. Des destins pour le moins insolites pour toutes ces stars, qui durant une saison, ont enflammé le stades de la République.

Julien Ebah Tobie, l’étoile de 2014- 2015, auteur de 16 buts en 30 matches avec New star de Douala, qui s’était ensuite exilé en Azerbaïdjan dans le club Kapaz, ne dira point le contraire. Encore moins son successeur Platini Kaham, attaquant de l’Union sportive de Douala (12 buts en 34 matchs en 2016) revenu au bercail après une décullotée au Club Sportif Sfaxien de Tunisie.

Dans les colonnes de Baromètre Communautaire, le coach Martin Ndtoungou Mpilé trouve quelques mots pour expliquer cette envie de nos meilleurs buteurs, de voguer vers d’autres championnats. « C’est la recherche du bien-être et de la progression. Quand on est meilleur buteur, il y a un impératif de progression. Et puis les joueurs cherchent à vivre mieux, notre championnat ne génère pas encore assez d’argent. Les jeunes préfèrent aller là où il y a des structures, une meilleure organisation. Ils préfèrent aller gagner un ou deux millions en Angola, en Tunisie ou partout ailleurs au lieu de 100 000 F CFA ici », explique-t-il.

Cet ancien sélectionneur des Lions indomptables déplore toutefois l’empressement à aller faire fortune ailleurs. « Sur le plan de l’éthique ce serait souhaitable que nos meilleurs joueurs et nos souliers d’or attendent un peu, qu’ils mûrissent encore avant de partir. Malheureusement, ils sont quelques fois trompés par des vendeurs d’illusions qui sont plus soucieux de se faire de l’argent que d’aider le jeune dans sa carrière. Or si certains joueurs avaient été un peu patients, ils seraient mieux lancés. Sans doute qu’ils feraient les beaux jours de nos sélections nationales qui manquent cruellement de buteurs », déplore-t-il.

Sur les 10 dernières années, un seul parmi les meilleurs buteurs de notre championnat a réussi à maintenir le cap. Vincent Aboubakar, parti de Coton sport en 2010, n’a pas subi les effets du contraste climatique, infra structurel et environnemental. Le Champion d’Afrique en titre fait les beaux jours du FC Porto, tout comme ses passages à Valencienne en France et au Besikstas en Turquie ont été mémorables pour sa carrière. Tout le mal que l’on peut souhaiter au jeune Rostand Mbaï, meilleur buteur (20 buts) de l’Elite one au terme de la saison écoulée et qui évolue désormais au Maroc.

 

 

Par : Christian Djimadeu

 

 

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Frida Nolla

Rédactrice Sports / Declik Group

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