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Dametsey Sahel, entraineur régional de tennis du nord : « Les joueurs de tennis du septentrion sont absents des compétitions nationales »

Quels sont les principaux problèmes que le tennis rencontre au Nord ?

Nous avons un problème fondamental qui celui du manque de participation aux compétions au niveau national. La ligue régionale, à travers le président,  ne transmet pas fidèlement et à temps les messages. Au niveau de l’échiquier national on préfère organiser des compétitions pour les régions du Centre, du Littoral et parfois de l’Ouest. Nous ne sommes au courant de l’organisation de ces compétitions sur le plan national une fois que celles-ci sont déjà passées. J’ai crée en 2007 l’école de tennis de l’hôtel Bénoué on commencé avec des enfants qui sont séniors aujourd’hui sans compétition aucune.

L’absence aux compétitions nationales n’est-ce pas un handicap pour vos joueurs ?


C’est un handicap puisque ça nous bloque et dès lors nous ne sommes pas jugés sur la base de nos connaissances. Comment pouvez former un enfant qui n’est évalué? Sur le plan interne dans la région du Nord nous sommes confrontés à un problème. Les vétérans pratiquent le tennis pour eux et non pour les jeunes. Les compétitions s’adressent en majorité aux vétérans et les jeunes n’ont pas de place. Depuis janvier 2016 avec l’impulsion de notre petit frère  Saint de Dieu qui est en Allemagne, nous disposons de nouvelles raquettes et des balles pour relancer l’école de tennis. On a organisé par la suite un championnat à l’issu duquel on a eu un senior champion du Nord. Nous avons également un problème de transport logistique pour que les enfants de Garoua puissent aller jouer à Yaoundé ou à Douala par exemple pour se mesurer à d’autres joueurs. Mais les enfants ont été formés, ils sont là ils préfèrent se passer les balles et se faire appeler entraineur alors un entraineur nécessite une formation et des diplômes.

De l’Adamaou à l’Extrême nord, les problèmes sont-ils identiques ? Quelles sont les particularités ?

Les problèmes ne sont pas les même. Ngaoundéré est une zone universitaire avec les étudiants qui prennent part aux jeux universitaires. Ce qui implique que le niveau est plus élevé par rapport à Garoua. Maroua aussi peut se vanter d’être une ville universitaire avec cette possibilité pour les jeunes de se frotter aux autres champions dans le cadre des jeux universitaires également. Ici à Garoua on vient de nous envoyer le premier cycle de l’université donc on pourra déjà avoir des compétiteurs aux jeux universitaire dès cette année. Mais sur le plan logistique par contre les problèmes sont les même. Le tennis est soutenu au Cameroun par des mécènes qui sortent de nulle part et qui investissent pour que le tennis ne meure pas. Croyez moi ce n’est pas l’argent de l’Etat qui fait vivre le tennis au Cameroun car il y’a pas de subventions.

 Comment devient-on entraineur de tennis ?

S’agissant de la formation au Cameroun il n’existe pas d’école d’entraineur. Sur le plan national les entraineurs sont ceux qui passent par l’Injs, le Cenajes, l’école de formation des entraineurs de sport  du Cameroun et autres. Dans mon cas, en 2007 quand j’ai lancé l’école de tennis de l’hôtel Bénoué j’ai eu cette chance de bénéficier d’une formation organisé par l’Ong Oyebocg qui avait en projet d’ouvrir 25 écoles de tennis au Cameroun. J’ai été retenu pour suivre un cursus de formation qui a durée 5 ans à raison de 15 jours par an sanctionné par une attestation de fin de formation et avec comme formateurs des professionnels de tennis venus de Suisse, des USA. On nous a donné la pédagogie de formation de minimes, des juniors, des séniors, des vétérans et des dames. C’est le chemin que j’ai emprunté pour devenir entraineur de tennis.

Comparer aux autres régions, à quel niveau le technicien que vous êtes situe le Septentrion ?

Le tennis n’est pas comme d’autres sports. Le tennis à une particularité c’est que le joueur qui fait des compétitions évolue pendant la compétition et son niveau change. Un joueurs qui est formé et est bloqué ne peut pas avoir à première vue le même niveau que celui de Yaoundé ou de Douala. Pendant que le gars de Yaoundé enchaine au moins quatre compétitions par an, celui de Garoua n’a même pas compétition une fois donc il n’a même pas l’esprit de la compétition, celui de Garoua ne connait même pas comment ça se passe à Douala. Nos enfants ont le niveau de base mais il faut les emmener dans les compétitions nationales pour y apprendre les différentes techniques de jeu. Je ne classe pas nos enfants au dernier rang pour autant. Mon seul souci c’est de les emmener à Yaoundé et Douala pour se frotter aux autres et évaluer leur niveau réel. Là maintenant ils sont des séniors au Nord ils vont rencontrer des séniors au Sud car nous donnons un tennis de taille à Garoua grâce au soutien de l’Ong Oyebocg qui coordonne et sponsorise la formation des enfants à Garoua.

Vous décriez l’absence de participation aux compétitions nationales, le faible niveau des entraineurs, qu’en est-il de la logistique ?

S’agissant de la logistique la région du Nord est l’une des mieux lotis en courts au Cameroun. Nous avons 8 courts de tennis dans la ville de Garoua. Mais maintenant où sont les pratiquants ? Qui veut jouer au tennis ? On dit que le tennis est un sport de nanti pourtant c’est faux. Notre mission première quand on venait crée des écoles de tennis c’était pour mettre le tennis et les aides pédagogiques à la disposition de tout le monde car le champion se trouve toujours dans la cours du pauvres. Le tennis est mis à la disposition de tout le monde et il coute moins cher à Garoua plus que partout au Cameroun. C’est l’un des sports les plus moins chers dans la région du Nord. Les entraineurs de tennis de la région ne font pas les choses comme ailleurs. A douala par exemple un abonnement pour accéder au court de tennis c’est 250.000f l’année, mais à Garoua c’est 30.000f. C’est donner gratuit. Maintenant s’agissant des entrainements, à Douala on vous facture une heure à 5000f alors qu’à Garoua on vous facture un mois à 10.000f. On a baisé les coûts pour que tout le monde vienne jouer mais vous constater de vous-même que malgré tout les efforts les courts sont vides.

Vous êtes coordonateur de l’ong Oyebocg pour les trois régions septentrionales, quels sont vos objectifs pour cette année 2016 ?

L’objectif majeur de Oyebocg Academy c’est de détecter, former les champions et leur donner la possibilité de partir aux USA y faire étude et sport. Nous avons déjà au moins 15 enfants qui sont passé par cursus. Malheureusement au Nord nous avons un problème. Presque tous  les enfants qui viennent ici au centre de formation ne vont pas à l’école. Pourtant qui dit sport dit formation d’un individu. Oyebocg Academy est entrain d’ouvrir un centre de regroupement à Japoma. Une fois que vous avez le BAC et que vous êtes parmi les meilleurs on vous admet au centre où vous serez recyclé, les entraineurs verront votre niveau réel. Si vous retenu, avec l’apport de votre famille on vous fera des papiers afin que vous fassiez sport et étude aux USA. A Ngaoundéré nous avons déjà un enfant qui est parti aux USA. A Garoua nous avons notre champion senior qui est un très bon tennisman mais qui n’a pas pu aller à l’école faute de moyens car il est orphelin de père et de mère. Maintenant on veut l’emmener à Yaoundé afin qu’il soit copter par des mécènes qui peuvent l’aider à intégrer un centre de formation en Europe.

Par Ebah Essongue Shabba

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