Football

Renée Sylvie : « le Cameroun c’est tout pour moi, le Cameroun, c’est une partie de moi… »

Ancienne lionne indomptable, Renée Sylvie Kafoui Dodji nous parle de sa riche de footballeuse professionnelle, de sa reconversion, de son pays le cameroun qu’elle cherie tant….

 

Votre histoire est digne d’une Success Story, pour être partie de rien et devenir l’une des rares icônes du football féminin camerounais. Vous célébriez votre jubilé il y a encore quelques mois ; revenons sur les temps forts de cette journée spéciale pour vous ?


Sincèrement c’était une journée exceptionnelle pour moi. Je pensais qu’un jubilé c’est le jour où on arrêtait de faire ce qu’on aime le plus mais croyez-moi, ce jour j’ai cru recommencer ma carrière à mes débuts. J’étais entourée par des gens qui m’ont soutenu de près et de loin durant toute ma carrière; ma famille, mes coéquipières du monde entier surtout ceux de Singapour mes amis et la participation de notre guest-star LADY PONCE qui nous a permis de se sentir encore au Cameroun. C’était vraiment une fête exceptionnelle et je tiens à remercier ici tout le monde pour avoir fait de cet événement, un moment inoubliable pour moi.

Parlant de votre brillante carrière justement, Vous commencez chez les minimes au Canon-Filles avec pour encadreur à l’époque le feu Atangana Louis de Gonzague. Racontez-nous cette aventure ?

Chaque fois que je pense à ce grand Monsieur, je suis toujours émue. Ma mère qui travaillait à l’époque à Bertoua est affectée à Yaoundé. Nous nous sommes installés à Essos. Et pendant les rencontres de football inter-quartier, je suis remarquée par Mr Atangana Louis de Gonzague qui jouissait d’une réputation de dénicheur de talent et bien évidement entraineur de l’équipe minime de CANON FILLE ; c’est comme ça que j’arrive au Canon minime. Mr Atangana était un père, un protecteur pour tous les sportifs. C’était un homme exceptionnel, assez rigoureux. Avec lui, c’était le travail et rien que le travail, et surtout à l’école. Il n’aimait pas l’échec. Etant donné qu’il était professeur au Lycée Leclerc, c’était un plus pour nous car il nous aidait même à faire nos devoirs, il s’en chargeait des frais de scolarité de tous ses pensionnaires. Et aux entrainements, il nous faisait bosser dur, il nous opposait aux formations masculines ; il organisait des rencontres avec d’autres équipes garçons notamment RATANA de Anguissa où jouait Samuel Eto’o Fils et qui je « bottais » chaque fois car, lui avant-centre et moi stoppeur et qui aimait bien crier que je jouais dur (rire). De là aussi j’ai toujours eu la chance de rencontrer le feu Marc Vivien Foe qui me prodiguait pas mal de conseils. Nous avons remportées deux coupes du Cameroun et on a été Championne du Cameroun. C’était vraiment une belle expérience. Je profite de cette occasion pour saluer la mémoire de ce Grand homme : Mr Atangana Louis De Gonzague.

Après Canon, c’est Lorema FC qui sollicite votre talent en 1995 ; que s’est-il passé et comment avez-vous apprécié votre passage dans ce club ?

Je me retrouve à LOREMA en 1995, où j’ai passé 3 ans donc de 1995-1998. C’était aussi une très belle expérience mais je n’ai pas gagné de titre avec Lorema

En 2000, vous êtes appelée en Thaïlande et on vous perd de vue ; comment avez-vous décroché ce contrat et dans quel club exactement ?

Bon, Avant d’aller en Thaïlande, je trouve un accord avec JCA (Jeunesse Club D’Abidjan) en 1998 où j’ai aussi passé de très beaux moments, j’ai gagné un titre de Championne de Côte d’Ivoire et j’ai été élue meilleur joueuse du championnat. De là, je suis contactée par L’olympique Lyonnais en France mais mon rêve de jouer dans un grand club comme Lyon s’est brisé car je me suis vu refusé le visa deux fois de suite à l’Ambassade de France en Côte D’Ivoire. En 2000 je suis en fin de contrat avec JCA et je trouve un accord avec la Thaî Air Force qui est un club de l’armée de l’air Thaïlandaise et c’est comme ça que je me retrouve en Thaïlande. Malheureusement, je n’ai passé que six mois car les conditions n’étaient pas assez réunies pour y rester parlant de la langue car il fallait parler Thaî et bien évidement des déconvenues salariales, etc. C’est alors que j’ai trouvé un contrat avec le club de TAMPINES ROVERS en Singapour.

Que dire de votre passage à Singapour ?

Humm ! TampinesRovers, sincèrement c’était le tournant de ma carrière. Je peux vous rassurer que toutes les conditions était réunies pour rester. Déjà quand je suis arrivée, j’étais en situation régulière, je pouvais me déplacer de partout dans le monde, je suis arrivée et j’ai trouvé un bon boulot que vouloir de plus pour donner des résultats ? (Rires). Là j’ai passé de 2001 à 2003, on a gagné le titre de champion, la coupe et j’ai été élue une fois de plus meilleur joueuse du championnat.

Vous faites partie de l’épopée des Lionnes Indomptables de 2002 au Nigéria ; vous sortiez alors de la compétition à la troisième marche du podium. Revenons sur ce parcours jusqu’à l’accueil de votre équipe par le Chef de l’Etat…

C’est l’une des périodes les plus déterminantes de ma vie et de ma carrière professionnelle. Déjà je dois encore le mentionner que TampinesRovers a été un tournant de ma carrière. Il faut dire que même au Cameroun j’étais l’une des meilleurs défenseurs du championnat mais jamais j’ai été convoquée. Le jour que j’ai reçu la convocation c’était avec des larmes aux yeux, car je l’attendais depuis et sans hésité j’ai dit OUI. Je suis descendu au Cameroun, nous avons fait deux mois de stage à Akono tout s’est très bien passé. Après nous sommes allées au Nigéria pour la CAN. Au début ce n’était pas facile, on a perdu les premiers matchs mais on a su se ressaisir et il faut le dire pour moi, c’était un moyen de connaitre aussi une autre dimension du haut niveau d’une compétition. Nous sommes sorties 3e avec une médaille de Bronze, la meilleure des récompenses pour moi et surtout être reçu par le Président et être élevé au rang de CHEVALIER DE L’ORDRE DE MERITE CAMEROUNAIS vraiment que du bonheur !

Quand commence l’aventure avec le Fc ostermundigen ?

Après le retour de la CAN, j’ai eu trop de sollicitations notamment le club de BOSTON FC aux USA via l’entraineur de l’époque Mr Peter BRADLY qui voulait à tout prix que j’aille jouer aux USA malheureusement l’accord n’a pas été trouvé entre Tampines et Boston et c’est alors que l’Ostermundigen s’est présenté avec son offre et voilà comment je me suis retrouvé en Suisse. Je dois le relever aussi que c’était pour moi une chance car en Suisse, j’ai rencontré mon Mari et J’ai eu mes enfants.

Comment percevez-vous la vie aujourd’hui

Plus comme une femme au foyer ou comme une ex footballeuse internationale ? Rire ! Actuellement je suis une femme au foyer, je me concentre le plus à mon mari et à mes enfants. D’autre part, j’ai

ma formation d’infirmière que je suis entrain de faire car le domaine de la santé m’a toujours fasciné depuis mon enfance. Par ailleurs, le football est la chose que j’ai plus aimée. Ex footballeuse ? Non je ne peux le dire car j’ai oublié d’être footballeuse depuis le 27 juillet dernier mais je suis revenue dans le foot d’une autre façon. Actuellement j’ai fait des formations d’entraineur où je suis sorti avec des diplômes et j’en continue encore mon dernier club auquel j’ai entrainé  Young Boys de Berne mais j’ai arrêté depuis six mois pour des raisons personnelles.

Vous avez certainement des ambitions pour votre pays le Cameroun ; quelles sont-elles ?

Vous savez, le Cameroun c’est tout pour moi, le Cameroun, c’est une partie de moi. Tellement j’aime ce pays que par moment j’ai envie de me surpasser pour rendre au Cameroun ce qu’il m’a donné. Des ambitions oui, j’en ai bien évidement. J’ai envie d’aider les jeunes dans la mesure du possible, J’ai bien envie moi aussi d’apporter mon expertise comme l’a fait mon père Atangana à mes débuts, j’ai envie d’apporter mon savoir, j’ai envie de transmettre aussi une fois l’occasion m’est donnée. Ce que je fais comme formation, je vais le transmettre un jour mais pour moi l’idéal sera de le faire dans mon pays car je suis très reconnaissante de tout ce que ce pays a fait pour moi. Je tiens à féliciter en passant nos valeureuses Lionnes pour leurs prestations à la Can, je reste convaincue qu’elles viendront avec la coupe à la maison.

 

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