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Les rois sans couronne : Barkley, le Sir tombé sur un monstre

Un talent fou, une personnalité marquante, une gigantesque carrière… Ces sportifs avaient tout, absolument tout, pour être les maîtres de leur sport. Mais ils ont manqué le Graal. Eurosport.fr revient sur ces rois et reines qui n’ont jamais décroché la couronne. Dernier épisode avec Charles Barkley, génial intérieur au physique atypique et à la langue bien pendue qui n’a jamais gagné le titre NBA.

« Il est comme le membre le moins important d’un boys band qui ne réalise pas qu’il est à côté de Justin Timberlake. C’est le moins connu. Mais il pense qu’il est la star. Quand les filles jettent leurs culottes sur la scène, il va évidemment en recevoir certaines, mais elles sont en réalité destinées à Justin Timberlake. » Voilà Charles Barkley dans ses œuvres. C’était en avril dernier. Le consultant star de TNT aux côtés de Shaquille O’Neal se chargeait alors de recadrer à sa manière Draymond Green, le triple champion NBA avec les Warriors. Et d’essayer par la même occasion de mettre fin à un éternel débat sur sa carrière malgré son statut d’icône : son absence de bague de champion NBA.

Ce recadrage sans concession adressé à Green n’est en effet pas venu de nulle part. Quelques jours avant, l’ailier-fort de Golden State s’était permis de titiller l’ancienne star de la Dream Team 1992 sur ce manque dans sa carrière. « Il n’a jamais rien gagné, a lancé Green, déjà agacé par les critiques acerbes de son illustre prédécesseur. Il a un problème avec moi depuis que je suis arrivé dans la ligue. Il est jaloux que quelqu’un qui fait la même taille que lui, ou qui est même plus petit, puisse avoir du succès en NBA comme j’en ai eu et gagne autant d’argent et de titres. Tout ce qu’il n’a pas pu faire. »


Durant 16 saisons – de 1984 à 2000 -, Charles Barkley a en effet couru après ce fameux Trophée Larry O’Brien tant convoité. En vain donc. Mais pas sans succès ! De diverses manières, Sir Charles a laissé une trace indélébile dans l’histoire de la Ligue. Par son jeu, son physique atypique et sa personnalité hors du commun. « Avec Charles, il faut accepter l’ensemble du ‘package’. C’est un joueur qui joue avec ses émotions. Et ses émotions le rendent génial », a résumé sur ESPN Jim Lynam, son coach avec les Sixers de Philadelphie.

Si pour les plus jeunes qui suivent la NBA avec attention, Barkley est un commentateur star du petit écran – amateur de petites phrases et d’analyses aussi fines que tranchantes -, le réduire à cela est en effet presque insultant. Et il ne se priverait d’ailleurs pas de vous envoyer valser avec une de ses punchlines mythiques si vous osiez le lui dire. Charles Barkley a surtout été un joueur d’exception. L’un des meilleurs ailiers forts que la NBA a eu le plaisir de voir évoluer sur ses parquets. Avec son activité, son QI basket et sa technique, « Chuck » a fait des ravages avec les Sixers, les Suns ou même les Rockets.

Gros scoreur, excellent rebondeur, très bon passeur mais également fin intercepteur, Barkley s’est imposé comme un leader que toute franchise rêve d’avoir dans ses rangs, comme en témoignent ses moyennes en carrière : 22.1 points, 11.7 rebonds, 3.9 passes et 1.5 interception en 16 saisons. « Barkley est comme Magic ou Larry Bird. Il n’a pas vraiment de position. Il joue partout, il joue au basket, a résumé Bill Walton dans SLAM magazine. Il n’y a personne qui réalise ce que Barkley réalise. C’est un rebondeur dominant, un défenseur dominant et un shooteur à trois points mais aussi un dribbleur et un créateur ».

Une productivité aussi improbable que déstabilisante pour un intérieur annoncé à 1m98 mais qui dit lui-même faire quelques centimètres de moins. Mais voilà, il compensait ce manque de taille par une énergie débordante et une bestialité folle pour guider ses équipes. MVP de la saison 1992-1993, 11 fois All Star et présent à 11 reprises dans les meilleurs cinq de la saison, il a clairement posé son empreinte sur la Ligue. Et pas seulement car il a affolé les statistiques.

S’il a pris une autre dimension, c’est qu’il y avait aussi le reste. Ce qui le rendait encore plus à part dans la Ligue. Son franc-parler. Son trash-talking percutant. Ses dérapages pas toujours contrôlés mais toujours assumés. Ou encore ses prises de position à l’image de son refus d’être un modèle, illustré par une publicité en 1993 pour Nike où il critique la perception des sportifs par la société : « Ce n’est pas parce que je sais dunker au basket que je devrais élever vos enfants », avait-il lancé.

Avec cette personnalité, l’exubérant Barkley a évidemment fait quelques vagues. Et provoqué de nombreuses polémiques, comme en 1991 quand il crache dans le public pour atteindre un fan qui aurait tenu des propos racistes et touché une petite fille. Mais voilà à l’image de cette histoire (ndlr : il deviendra ami par la suite avec la petite fille et sa famille), il a souvent su retourner la situation à son profit pour devenir une icône. Sans titre de champion donc. Pourquoi ? Tout simplement car il s’est cassé les dents sur des monstres, un notamment : Michael Jordan.

Jordan a brisé ses rêves

Choisi au cinquième rang en 1984, cette draft mythique qui a aussi vu Michael Jordan et Hakeem Olajuwon débarquer dans la Ligue, Barkley n’est jamais parvenu à devenir le maître incontesté de la NBA. Avec les Sixers quand il avait des arguments pour rêver, il s’est fait sortir par les Chicago Bulls en 1990 et 1991 en demi-finale de Conférence Est. Et alors qu’il a guidé les Suns au meilleur bilan de la Ligue (62 victoires, 20 défaites) avec Kevin Johnson, Dan Majerle ou encore Danny Ainge, Sir Charles a enfin eu l’honneur de jouer les finales NBA en 1993 après un match 7 monstre face à Seattle et Shawn Kemp en finale de Conférence (44 pts, 24 rbds). Mais là encore, il s’est fracassé sur les Bulls et leur numéro 23 lors de l’une des finales les plus fantastiques de l’Histoire.

Malgré ses 27.3 points et 13 rebonds de moyenne sur les six matches de la série et un grand moment de leadership pour remobiliser ses troupes après la perte des deux premiers matches à domicile, Charles Barkley ne peut que s’incliner face au génie de Jordan, qui finira cette finale avec 41 points de moyenne mais aussi 8.5 rebonds et 6.3 passes ! « J’ai joué aussi bien que j’ai pu et Michael m’a surpassé, dira-t-il au sujet du match 2 de ces finales dans The Last Dance. Pour être honnête, c’est la première fois de ma vie que je me suis dit qu’il y avait un meilleur joueur de basket que moi ». L’occasion d’une vie est passée. Elle ne s’est pas représentée.

Après Jordan, Houston et… son dos

Contrarié ensuite par des problèmes récurrents au dos qui le pousseront à penser régulièrement à la retraite, le meilleur scoreur de la Dream Team 1992 n’a pas réussi à profiter du premier départ à la retraite de Jordan. En 1994, les Suns prennent la porte dès les demi-finales de conférence face au futur champion, les Rockets d’Olajuwon s’imposant au match 7. Et si Phoenix a mené 3-1, l’histoire a bégayé un an plus tard, avec un nouveau succès en sept matches d’une équipe de Houston en route pour un back-to-back.

Dans la lignée de la maxime « Si tu ne peux pas les battre, rejoint-les », Barkley a fini sa carrière à… Houston aux côtés d’Hakeem Olajuwon, Clyde Drexler ou encore de Scottie Pippen. Mais ce dernier trade n’y changera rien : il ne retrouvera jamais les Finales NBA. Et a terminé sans la moindre bague de champion aux doigts. Un manque forcément. Mais cela ne l’empêche pas d’être une légende de la NBA. « Votre vie ne craint pas si vous ne gagnez pas un titre », a-t-il lancé récemment sur ESPN. Il a en effet trouvé d’autres manières de marquer l’Histoire de la NBA.

Par Eurosport.fr

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