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Canon de Yaoundé finalement maudit ?

88 ans après sa création, le club le plus célèbre du Cameroun ne répond plus de lui même. Depuis plusieurs années son destin se joue dans les bureaux. Le fleuron du football local vient d’apprendre son parachutage en première division par décision du président de la Ligue professionnelle de football du Cameroun (LFPC). Le Kpa-Kum se réjouit, mais sait que tout peut encore basculer. Certains présidents de clubs désapprouvent la décision de faire jouer l’élite one à 20 clubs sans leur consentement. Le Canon continue ainsi sa course sur le terrain de la vie et la mort.

Encore une main magique pour sauver le Canon de Yaoundé. Le générale d’armées Pierre Semengue, président de la LFPC, vient de décider sans l’avis des dirigeants de clubs, de jouer la saison prochaine (2018-2019) avec 20 équipes en Ligue 1. La conséquence de cette décision unilatérale est que deux formations de Ligue 2, dont le Canon de Yaoundé attérissent sans décollage en première division.

Les supporters du club aux 21 titres nationaux et quatre continentaux jubilent. L’ascension décrétée est perçue comme une bénédiction de plus venant d’un “ bienfaiteur ”. Normal, pourrait-on dire. Quand on sait que le destin de l’équipe a longtemps cessé de se décider sur les stades. A maintes reprises, la noyade du Canon de Yaoundé a été évitée par l’ancre du stylo et non au bout de la godasse.


En 2015 dans l’affaire qui l’a opposé à Fovu de Baham, le club chéri de la capitale camerounaise n’a eu son maintien en Ligue 1 que grâce à une sentence de la chambre de conciliation et d’arbitrage (Cca) du comité national olympique et sportif du Cameroun (Cnosc). Se sentant rélégué en deuxième division, Canon de Yaoundé a dû ressusciter une affaire qui datait de la 6e journée du championnat où un point lui avait été retiré par la commission de recours de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot). Pour avoir aligné un joueur, Kohn Jean Calvin (21 ans), connu sous le nom de Khon Charles Raoul à Conquérants sportifs, équipe régionale. La saisine de la CCA, au moment où toute la presse déroulait déjà la chronique d’une chute honteuse du club, viendra tout changer. Car la CCA ordonna la restitution du point ôté à Canon de Yaoundé et de fait son maintien en Ligue 1. Sauf que ses vicissitudes internes ne l’empêcheront pas de goûter à la saveur de l’enfer de la deuxième division deux ans plus tard.

En 2017, au détour d’une réunion de conciliation entre ses fils en perpétuel conflits, à l’initiative du ministre des Sports et de l’éducation physique Pierre Ismael Bidoung Mkpatt, un Comité de sauvetage est placé à la tête du club avec comme président Mathurin Ambassa.

En Ligue 2, l’équipe va faire parler d’elle par ses bonnes performances et la motivation de ses joueurs. Très vite Mathurin Ambassa sera écarté par les membres du Comité des sages. Cette instance dont les rôles essentiels sont de régler les litiges, et de transmettre les valeurs traditionnelles et morales aux jeunes générations. Mais ce Comité des sages est aujourd’hui mieux connu par son art singulier de faire et défaire les présidents.

Les différents témoignages des dirigeants déchus décrivent des responsables épris de tribalisme et d’argent. Des personnes qui sur la base d’une promesse mirobolante peuvent faire de vous un roi le matin et vous renverser le soir au profit d’un piéton vendeur d’illusions. Ainsi de suite.

 

Sort conjuré

 

Malgré son statu dans la zone rouge du football camerounais, le club formateur d’Eboue Jean Daniel (1974), Nkono Thomas (1978), Mbida Grégoire (1980), Abega Théophile (1982), Kunde Emmanuel (1985), Songo’o Jacques (1987), Mfede Louis Paul (1989), et Omam Biyick François, ou Pierre Wome Nlend, garde la sympathie de quelques supporters fidèles.

Certains se recrutent dans le pouvoir de Yaoundé. Les responsables du Canon de Yaoundé ont toujours confessé que des hommes politiques supportent en général les charges de déplacement de l’équipe, la nutrition et l’hébergement et les primes des joueurs et encadreurs techniques. Bref ils apportent des aides de survie Et non pour sortir l’équipe de la “ mendicité ” afin de la professionnaliser définitivement.

Canon de Yaoundé, seule formation sportive au Cameroun auréolée du statut de Commandeur de l’ordre et de la valeur, est en effet ce géant qui manque de tout : structures d’encadrement des sportifs, siège viable, activités économiques génératrices de revenus, vision à moyen et à long terme etc…

Le sort du club est permanament conjuré par la presse, les supporters, les autorités politiques, les anciens pensionnaires de l’équipe, mais rien n’y fait. Une espèce de malédiction s’abat sur ce club. Qui tente de l’exterminer se casse le nez et gagne la porte. Seuls les membres du Comité des sages restent dans la maison. Éternels canonniers, éternels assistés.

 

 

 

Par: Christian Djimadeu

 

 

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